En tournée en Afrique où il mène une grande offensive pour contrer la Chine, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a eu des entretiens téléphoniques, lundi 22 janvier, avec le Président de la République, Félix Tshisekedi. En rapport avec la crise persistance qui sévit dans l’Est de la RDC, Washington continue à cabrer sur sa position, estimant que la diplomatie est la seule voie de sortie pour une paix durable. Au même moment, le secrétaire d’Etat américain parcourt l’Afrique avec l’objectif de consolider la présence américaine. Le chef de la diplomatie américaine a entamé lundi une tournée d’une semaine sur la côte ouest de l’Afrique. L’objectif de cette tournée est de contrer l’influence croissante de la Chine et de la Russie sur le continent. Après une rapide escale au Cap-Vert et en Côte d’Ivoire, le Nigeria et l’Angola sont les prochaines étapes.
Le secrétaire d’État Antony J. Blinken s’est entretenu, lundi au téléphone, avec le Président de la République, Félix Tshisekedi, le félicitant de sa réélection, rapporte une dépêche de l’ambassade des Etats-Unis en RDC.
La dépêche indique que «le secrétaire d’État a également exhorté le Président Tshisekedi à répondre aux préoccupations soulevées par les missions d’observation électorale en prenant des mesures devant promouvoir la confiance dans le processus démocratique dans l’avenir. Les deux dirigeants ont également discuté de la crise actuelle dans l’est de la RDC et de la voie à suivre pour trouver une solution diplomatique ».
Pour les Etats-Unis, la solution militaire n’amènera jamais une paix durable dans la partie Est de la RDC. A Washington, on reste convaincu que la «solution diplomatique» reste la voie idéale pour une région des Grands Lacs apaisée.
Ce message d’Antony Blinken arrive au moment où les Etats-Unis quadrillent le continent noir pour contrer la forte percée de la Chine.
«Nous mettons le paquet en Afrique »
Après une première escale au Cap-Vert, le chef de la diplomatie américaine est arrivé en Côte d’Ivoire, mardi en fin d’après-midi. À sa descente de l’avion, il s’est directement rendu au stade Alassane-Ouattara pour assister à un match déterminant pour la Côte d’Ivoire, qui organise cette édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) et qui a été écrasée dans la soirée par la Guinée équatoriale (4-0). Ses hôtes lui ont offert un maillot à son nom, et Antony Blinken a estimé que le sport était «un autre moyen de construire des ponts entre les États-Unis et l’Afrique. »
Le président Joe Biden avait reçu en 2022 les dirigeants africains pour manifester un regain d’attention de Washington pour le continent. Il avait promis de se rendre en Afrique en 2023, mais n’a pas concrétisé cet engagement. Antony Blinken a pourtant repris les mots de Joe Biden et déclaré: «Nous mettons le paquet sur l’Afrique.»
«Notre avenir est lié, notre prospérité est liée, et les voix venues d’Afrique modèlent, animent et mènent de plus en plus le débat dans le monde », a-t-il dit lors de son étape au Cap-Vert. «Les États-Unis sont résolus à approfondir, renforcer et élargir les partenariats à travers l’Afrique », a-t-il insisté.
Situation préoccupante
C’est sa première visite en Afrique subsaharienne depuis mars 2023. Depuis lors, le paysage politique a changé. À l’époque, il s’était rendu au Niger pour soutenir le président élu Mohamed Bazoum dans ce pays où les États-Unis comptent plus de mille soldats et des bases de drones pour la lutte contre les jihadistes.
Mais quatre mois plus tard, Bazoum a été renversé par un coup d’État militaire et le nouveau régime cherche à diversifier ses partenaires : les soldats français ont été chassés et les liens se renforcent avec Moscou.
La Russie a développé son influence dans plusieurs pays d’Afrique francophone ces dernières années, avec notamment la présence du groupe paramilitaire Wagner en Centrafrique et au Mali et des relations privilégiées avec le Burkina Faso.
La situation sécuritaire au Sahel demeure préoccupante : les groupes jihadistes liés à Al-Qaïda ou à l’État Islamique mènent toujours des attaques sanglantes au Mali, au Burkina et au Niger, trois pays dirigés par des militaires arrivés au pouvoir lors de coups d’État.
Au Niger, les Américains ont pour le moment gardé leur base et leurs soldats mais Washington réfléchit à d’autres options, dans des pays côtiers plus stables notamment.
Renforcement de la société civile
Lors de cette tournée, Antony Blinken va aider les pays «sur tous les fronts pour renforcer leurs sociétés et lutter contre l’expansion de la menace terroriste que l’on observe au Sahel », explique Molly Phee, sous-secrétaire d’État pour l’Afrique qui s’est rendue au Niger en décembre.
Il va également encourager les pays à faire de la «sécurité des civils lors d’opérations militaires et la promotion des droits de l’Homme et du développement des communautés », une priorité, a-t-elle ajouté devant la presse.
En Côte d’Ivoire, Blinken a salué la consolidation de la démocratie depuis l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara en 2011, qu’il a rencontré le 23 janvier. Frontalier du Mali et du Burkina, la Côte d’Ivoire a pour l’heure réussi à endiguer la menace jihadiste. Le dernier incident lié à ces groupes armés dans le nord du pays remonte à début 2021.
L’administration Biden a annoncé l’an dernier un plan sur dix ans afin d’encourager la stabilité et éviter les conflits au Bénin, Ghana, Guinée, Côte d’Ivoire et Togo, des pays côtiers qui sont dans le viseur des groupes jihadistes. Antony Blinken doit se rendre ensuite au Nigeria et en Angola.
Influence russe
Depuis la dernière visite d’Antony Blinken dans la région en mars 2023, le paysage politique a quelque peu évolué. À l’époque, il s’était rendu au Niger pour soutenir le président élu Mohamed Bazoum dans ce pays où les États-Unis comptent plus de mille soldats et des bases de drones pour la lutte contre les jihadistes.
Mais quatre mois plus tard, Mohamed Bazoum a été renversé par un coup d’État militaire et le nouveau régime cherche à diversifier ses partenaires : les soldats français ont été chassés et les liens se renforcent avec Moscou.
Sa visite intervient quelques jours après celle de son homologue chinois, Wang Yi qui s’était rendu également au Togo, en Tunisie et en Égypte. Pékin est depuis longtemps très actif sur le continent en finançant notamment des infrastructures dans de nombreux pays.
Econews