La première salve est venue du truculent député Daniel Safu d’Ensemble pour la République.
Réagissant à l’exhumation de la proposition de la «loi Tshani» en passe d’être examinée à l’Assemblée nationale et qui écarterait son leader Moïse Katumbi de la course à la présidentielle (pour peu qu’elle soit adoptée, ce qui ne fait guère de doute), Daniel Safu a jeté le pavé dans la mare en publiant sur les réseaux sociaux l’information selon laquelle Jules Alingete Key, le tout puissant chef de l’Inspection générale des finances (IGF), aurait frauduleusement élagué son deuxième post-nom de «Keita» qui aurait révélé ses connexions sénégalaises par son père, bien que sa mère soit originaire de la province congolaise de Mai-Ndombe.
L’homme qui fait trembler ministres et mandataires publics s’appellerait dès lors, selon le porte-parole d’Ensemble pour la République, Jules Alingete Key Keita !
Il n’en fallait pas plus pour que l’on assistât à une formidable levée de boucliers. Entre les pro-Alingete Key «Keita» et les autres, la guerre est totale. Et elle ne s’arrêtera pas de sitôt. Les uns ressortent des archives de vieux exemplaires du Journal officiel où apparaît clairement le patronyme ouest-africain de Keita accolé au jeune fonctionnaire d’alors, tandis que des juristes de circonstance épiloguent à en perdre haleine sur le fameux «qui est Congolais et qui ne l’est pas». Avec cette question qui revient comme un leitmotiv et qui interroge si le simple fait de porter un nom à consonance étrangère vous priverait de manière automatique de la nationalité congolaise.
Les plus modérés (que personne n’écoute d’ailleurs) ressassent leur enfance commune avec le jeune Jules dans les écoles de Matete et d’ailleurs; d’anciens voisins se rappellent avec nostalgie la gentillesse de «papa Keita», cet ajusteur de talent si bon, si sociable…
C’est un secret de Polichinelle que la proposition de la «loi Tshani », que le président de l’Assemblée nationale s’apprêterait à faire passer en force vise à bloquer la candidature de Moïse Katumbi né d’un père juif de l’île de Rhodes. Pendant ce temps, l’armée des «intellectuels » congolais qui vouent le député Safu aux gémonies ne se préoccupent guère des «bina-tionaux» secrets présents à tous les niveaux des institutions de la RDC.
Le malheur de Katumbi, c’est peut-être d’avoir la peau claire. S’il avait été Falasha, personne ne s’en apercevrait. Entre-temps, il y a plus urgent. Le pays est en guerre, et les Congolais regardent ailleurs.
Econews