Une quasi-rébellion à l’Union sacrée : pour contrer l’UDPS, Kamerhe lance le «PCR » 

La nouvelle a fait l’effet d’une bombe, du moins dans les milieux politiques informés. Ce mardi 23 janvier, étaient réunis autour de Vital Kamerhe, leader de l’UNC, de surcroît vice-Premier ministre en charge de l’Economie nationale, et allié historique de Félix Tshisekedi fraîchement réélu à la présidence de la République ; Jean-Lucien Bussa, président-fondateur de la CDER et ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku, ministre de l’Industrie auxquels se sont joints les représentants de l’AVK 2028, l’AB50, l’AMSC, l’AAAP, et le CODE entre autres. Réunis dans un hôtel de la commune de Gombe, ils ont annoncé la création du Pacte pour un Congo Retrouvé (PCR). L’arrivée sur la scène politique congolaise de cette nouvelle plateforme qui nourrit des ambitions que l’on veut légitimes n’est pas étrangère à l’imminence de la convocation de la session parlementaire et dans la foulée, la constitution de son bureau. 

La nouvelle force politique lancée ce mardi est une dynamique qui, aux dires de ses fondateurs, serait soutenue par près de 231 députés nationaux et provinciaux fédérant six regroupements politiques ainsi qu’un parti politique. Le mouvement créé par Vital Kamerhe, Jean-Lucien Bussa, Julien Paluku etc. ne prétend pas rejoindre les rangs d’une opposition clairsemée. Ils restent membres de l’Union sacrée de la Nation, au sein de laquelle ils entendent évoluer en toute autonomie.

Le « Pacte » a vu le jour quelques semaines seulement après la publication du résultat de la présidentielle du 20 décembre 2023 (salué par la Majorité) et celle des législatives (unanimement décriée). L’on rappelle également que les résultats définitifs restent encore à publier par la Cour constitutionnelle. La Haute Cour déjà saisie ou qui sera bientôt saisie en requêtes en contestation des suffrages réalisés par les alliés de l’UDPS/Tshisekedi dont est issu le président réélu pour lequel ils affirment avoir battu campagne dans leurs « fiefs » respectifs. Ils ne méritaient donc pas, répètent à l’envi  leurs partisans, la portion congrue que leur a accordée la CENI, pendant que la Centrale électorale concédait la part du lion au parti présidentiel.

Ce n’est pas non plus fortuit de remarquer que la cérémonie de l’Hôtel Rotana coïncidait avec la publication par la CENI des résultats provisoires des élections communales. Une lecture rapide laissant entrevoir le raz-de-marée électoral réalisé par l’UDPS jusque dans les milieux qui ne lui sont pas traditionnellement favorables.

MAIGRE CONSOLATION AUX COMMUNALES

Au regard des résultats aux communales, certes les partis de Vital Kamerhe, Julien Paluku et Jean-Lucien Bussa font figure honorable, mais les sièges à l’Assemblée nationale priment et emportent indubitablement la préférence des hommes et femmes politiques tant en termes de visibilité que des privilèges qui, en RD Congo, défraient régulièrement la chronique.

La création du «Pacte pour un Congo retrouvé » secoue le cocotier politique à quelques jours de l’ouverture de la première session parlementaire du second mandat de Félix Tshisekedi. Tous les poids lourds cités ci-haut ont bel et bien été élus.  Leurs sièges les attendent donc à l’Assemblée nationale. Et déjà, des ambitions se font jour sur qui occuperait le perchoir. S’il n’est un secret pour personne que l’UDPS, dont les ministres et le secrétaire général du parti sont des élus, il va de soi que leurs alliés ne l’entendent pas de cette oreille. Même en se prévalant d’une majorité absolue (chose non encore acquise), il faut s’attendre à des joutes sans merci, en vue de la constitution du Bureau de l’Assemblée nationale.

AMBITIONS ET ARBITRAGES 

Les mêmes dissensions seront observées au sein du parti présidentiel, ou des ambitions s’entrechoquent. Entre un Augustin Kabuya et Peter Kazadi, Jacquemin Shabani, Nicolas Kazadi, et bien  d’autres encore, il est notoire qu’il n’a jamais existé d’atomes crochus. Dans les jours à venir, le chef de l’Etat aura fort à faire dans les arbitrages au sein de son propre camp.

Les stratèges à la base de la création du PCR sont certainement au fait des remous qui, à brève échéance, vont secouer le parti présidentiel hier encore leur allié indéfectible. Il s’agit de se positionner d’ores et déjà, et s’engouffrer dans la brèche à la moindre lézarde dans le mur de l’édifice UDPS. Et pour y parvenir, rameuter au PCR mécontents et aigris sera un jeu d’enfant pour des politiciens aguerris de la trempe de Kamerhe et Paluku.

Ce qui a inspiré un analyste qui note, sur un ton ironique : «Quand l’USN change de saveur, elle devient salée, limite amère ».

Econews

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