Une main tendue, un geste fort

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L’entretien, mercredi à Kinshasa, entre le Président Félix Tshisekedi et son principal opposant, Martin Fayulu, marque un pas significatif vers une possible détente politique en République Démocratique du Congo. Cette rencontre, initiée par le leader de l’ECIDé, répond à une nécessité urgente : dépasser les clivages pour « sauver la patrie ».

Si l’on ne peut que saluer cette volonté affichée de dialogue, il reste à transformer cette bonne intention en actions tangibles pour sortir le pays de l’impasse politique et sécuritaire.

Martin Fayulu a été le premier à briser la glace, tendant la main à un Président Félix Tshisekedi visiblement disposé à l’écouter. Ce face-à-face, aussi symbolique soit-il, est porteur d’espoir. Il démontre que, malgré les divergences passées, les acteurs politiques congolais peuvent se parler pour le bien du pays. Après des années de tensions post-électorales et de méfiance réciproque, cette ouverture est en soi une petite victoire.

Cependant, l’histoire politique congolaise est jalonnée de dialogues avortés, de réconciliations de façade et de promesses non tenues. Pour que ce rapprochement ne soit pas qu’un simple effet d’annonce, il doit déboucher sur des engagements concrets. Fayulu, fidèle à sa ligne, insiste sur la nécessité d’un dialogue national inclusif, porté par l’Église catholique (CENCO) et l’Eglise protestante (ECC). Une proposition qui a fait ses preuves par le passé, mais dont la mise en œuvre dépend désormais de la volonté réelle du pouvoir en place.

Félix Tshisekedi se trouve aujourd’hui à un carrefour décisif. Accepter un dialogue véritablement inclusif sous médiation ecclésiastique serait un signal fort, prouvant sa volonté d’apaisement. Mais un tel processus exige des concessions politiques, une transparence dans la gestion des divergences et, surtout, une reconnaissance des griefs de l’opposition.

Le risque ? Que cette initiative reste lettre morte, noyée dans les calculs politiciens ou les lenteurs administratives. Or, la RDC n’a plus le luxe du temps. À l’Est, la guerre continue de faire rage, l’économie peine à décoller, et la population, lasse des promesses non tenues, attend des actes.

Un dialogue national crédible pourrait donc rétablir une confiance minimale entre pouvoir et opposition, condition sine qua non pour affronter les défis du pays.

Si, entre les deux personnalités, la «hache de guerre est presque enterrée», comme l’estiment certains observateurs, il ne faut pas se leurrer : les rancœurs politiques ne disparaîtront pas en une seule rencontre. Mais ce premier pas doit en appeler d’autres. L’enjeu n’est pas seulement de réconcilier Tshisekedi et Fayulu, mais de créer un cadre où toutes les forces vives du pays – y compris la Société civile et les groupes armés prêts à la paix – puissent contribuer à une vision commune pour la RDC.

Le Président a désormais l’opportunité d’écrire une nouvelle page de son mandat, celle du rassemblement plutôt que de la division. Quant à Fayulu, son engagement dans ce processus lui permettra de prouver qu’il est plus qu’un opposant : un acteur constructif de la vie politique congolaise.

Econews

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