L’histoire retiendra que Constant Mutamba, Garde des sceaux et ministre d’État en charge de la Justice, aura été dévoré par la même institution qu’il prétendait réformer. Son ambition démesurée, son règne médiatique et ses réseaux sociaux inondés de soutiens complaisants n’auront finalement servi à rien. Aujourd’hui, abandonné par ceux qui le célébraient hier, il se retrouve seul, face à la justice qu’il a trop souvent instrumentalisée.
Pendant des mois, Mutamba a joué les héros modernes : tribunaux populaires sur Twitter, déclarations fracassantes, promesses de réformes spectaculaires. Il se voyait déjà en réformateur intouchable, en bâtisseur d’une justice nouvelle. Son projet phare ? Une prison «modèle» à Kisangani, présentée comme la solution miracle aux maux carcéraux du pays. Un mirage.
Car derrière les annonces tape-à-l’œil se cachait une réalité bien moins glorieuse : des doutes sur la gestion des fonds, des accusations de malversation, et surtout, une arrogance qui l’a conduit à défier les règles qu’il était censé incarner.
L’ironie est cruelle. Celui qui devait incarner l’autorité judiciaire est désormais rattrapé par elle. L’autorisation donnée par l’Assemblée nationale pour son procès devant la Cour de cassation marque un tournant. Les députés, dont certains étaient ses alliés, ont choisi de ne plus le couvrir.
Comment en est-on arrivé là ? Par excès de confiance. Mutamba a cru que son statut le mettrait à l’abri, que sa communication suffirait à étouffer les critiques. Mais la justice, même lente, même manipulable, finit toujours par rappeler ses fondamentaux : nul n’est au-dessus des lois.
La chute de Mutamba doit servir d’avertissement. Dans un pays où trop d’hommes politiques jouent avec les institutions comme avec des armes de domination, son cas rappelle une évidence : tôt ou tard, les masques tombent.
Aujourd’hui, l’homme qui rêvait de redessiner la justice congolaise en sera peut-être la victime la plus symbolique. Tragique destin que d’être condamné par ce que l’on a voulu contrôler.
La leçon est claire : on ne se joue pas impunément de la justice. Même lorsqu’on en porte le titre.
Kuedias