Interpellé alors qu’il procédait à la sensibilisation des masses en prévision du meeting de l’opposition prévu le 16 décembre pour dire non au dessein du chef de l’Etat de réviser ou de changer la constitution, Delly Sesanga a été relâché une heure plus tard. L’argument avancé par le secrétaire controversé de l’UDPS Augustin Kabuya selon lequel le leader d’Envol aurait été soustrait de la foule afin d’assurer sa sécurité, évitant un imprévu fâcheux qui aurait été imputé au pouvoir ne tient pas la route.
Les ratonnades et bastonnades des opposants sont le propre des régimes répressifs en Afrique tropicale francophone. Les images de l’arrestation musclée de Delly Sesanga, traîné par la ceinture, rappelle curieusement celles d’un Etienne Tshisekedi embarqué par les sbires de Mobutu au Pont Cabu en 1982, après que le père de l’actuel chef de l’Etat eut claqué la porte du Mouvement populaire de la Révolution (MPR) dont il avait été l’un des géniteurs. Même ambiance, même brutalité sauvage, même environnement, le Pont Cabu (actuel Pont Kasa-Vubu) n’étant pas éloigné du lieu de l’incident de ce jeudi 14 novembre.
Plus de 40 ans plus tard, le fils de l’opposant de jadis reprend la leçon apprise du dictateur : la répression des opposants reste la clé d’or pour se pérenniser au pouvoir. Pour les tièdes et autres indécis, la corruption s’en occupera.
A vouloir minimiser la brève interpellation de l’opposant Delly Sesanga, Kabuya et l’UDPS font fausse route. Ils font mine de ne pas se rendre compte que le monde les regarde. Si la révision constitutionnelle est une démarche légale, l’obstruction systématique et violente à toute manifestation d’opinions différentes est soigneusement documentée, répertoriée, classée jusqu’au jour du Grand Déballage. Et ce jour-là, Félix Tshisekedi sera seul comptable face à l’Histoire, accompagné de sa seule conscience.
A l’époque de leur toute puissance, le Libérien Charles Taylor, le Guinéen Dadis Camara ou le Tchadien Hissène Habré n’auraient certes pas imaginé les méandres dans lesquels l’Histoire les entraînerait.
L’interpellation de Delly Sesanga n’en pose pas moins un mauvais présage, et préfigure des jours sombres qui se profilent à l’horizon. Et Tshisekedi fils n’aura plus gain de cause en disant qu’il n’était pas au courant, que ces dérives dictatoriales sont l’œuvre de collaborateurs zélés qui appliquent mal ses instructions, ce sera crier dans le désert. Il est encore temps de se rattraper, un miracle jamais observé au pays du « Oyo ekoya eya ! ».
Econews