La vérité à apprendre est que l’Occident nous a vraiment eus…
Aucun esprit rationnel n’admettra que c’est par une simple coïncidence que les États-Unis ont préconisé à l’attention des belligérants connus et non connus, visibles et non visibles, une trêve humanitaire le 5 juillet 2024 alors que trois jours plus tard, l’opinion a été «bombardée » avec le scoop sur l’implication de l’Ouganda dans le «succès» de la coalition M23/AFC. Car, en fait de «succès », il a bel et bien été observé sur le terrain, plus du côté de l’Ouganda que du Rwanda, la montée en puissance de cette «coalition », la prise de Kanyabayonga ouvrant la voie sur Beni et Butembo qui pouvaient tomber dans les jours suivants.

Aucun esprit rationnel ne comprendra non plus que ce soit à ce moment précis que le Conseil de sécurité de l’Onu ait fait «fuiter » le rapport de ses experts confectionné avec des éléments ne pouvant nullement échapper des services secrets des pays de l’Otan, Etats Unis en tête. Autre coïncidence, c’est sur ces entrefaites qu’un conciliabule s’est tenu à Zanzibar le 7 juillet en vue de relancer le Processus de Luanda et même celui de Nairobi, quand même la ministre d’État Rdcongolaise Thérèse Kayikwamba Wagner, ait tenté d’en banaliser la portée. Bref, en trois jours (5, 7 et 8 juillet 2024, les lignes ont bougé avec une rapidité et une dextérité suspectes.

DE QUOI REFROIDIR LES ARDEURS

Pour rappel, le Processus de Luanda concerne la RDC et le Rwanda. Peut-être qu’il va falloir désormais intégrer l’Ouganda.

Le Processus de Nairobi concerne les groupes armés congolais. Il sera bien difficile de le garder dans sa configuration initiale. Peut-être qu’il va falloir désormais intégrer le M23 et l’AFC.

A dire vrai, pour le Processus de Luanda, c’est un remake de 2002, en plein Dialogue inter-congolais.

La RDC avait signé dans la même capitale angolaise un accord de paix avec le Rwanda et un autre avec l’Ouganda.
Daté du 30 juillet, le premier portait sur le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais et le démantèlement des ex-FAR et des Interahamwe. Daté du 6 septembre, le second portait sur le retrait des troupes ougandaises du territoire congolais, la coopération et l’amélioration des relations bilatérales entre les deux pays.

A l’époque, le Rwanda sous-traitait la guerre en RDC via le RCD, l’Ouganda via le MLC.

A l’époque, l’Opposition extra-parlementaire pilotée par l’UDPS n’y voyait pas l’agression. Elle affichait ouvertement sa sympathie à l’égard de Kigali et de Kampala, reprochant à Kinshasa son refus de dialoguer avec les forces politiques et sociales congolaises.

Rien de nouveau sous les cieux. Ou plutôt, si !

L’information révélée par le Conseil de sécurité de l’Onu le 8 juillet 2024 suscite des interrogations quant à l’opportunité.

En effet, le rapport confirmant l’implication du Rwanda de Paul Kagame et de l’Ouganda de Yoweri Museveni dans l’insécurité actuelle à l’Est est rendu public la veille des soupçons de l’engagement des troupes gouvernementales tchadiennes en RDC pendant que celui des troupes gouvernementales sud-africaines enregistre quelques ratés. Dont la mort d’une demi-dizaine de soldats et la perte de plusieurs véhicules militaires.

Ainsi, le décor qui se plante en 2024 est identique à celui des années 1996 et 2001: la présence des armées africaines les unes du côté du Gouvernement congolais, les autres du côté des « terroristes-rebelles ».

A l’époque, les troupes angolaises, namibiennes et zimbabwéennes avaient pris position pour la RDC, les troupes rwandaises et ougandaises pour les organisations insurrectionnelles dénommées RCD, MLC, RCD-KML et RCD-N.

En d’autres mots, les troupes sud-africaines déjà déployées sur le territoire congolais et les troupes tchadiennes qui s’y apprêtent (la rumeur est démentie) sont (comme) averties : elles auront en face les troupes rwandaises et les ougandaises; les premières alignant entre 3 et 4 mille hommes. Ce qui laisse supposer que l’Ouganda pour en faire autant en ayant un avantage sur le terrain : celui d’avoir des frontières communes.

De quoi refroidir les ardeurs et même dissuader d’autres pays membres de la SADC de voler au secours de la RDC.
Du reste, avec le retrait en cours de la Monusco, on ne serait pas surpris d’apprendre la fin du mandat de la Brigade d’intervention constituée en 2013 et comprenant les troupes de la Tanzanie, du Malawi et de l’Afrique du Sud.

RETOUR DE LA MANIVELLE

En définitive, ce qui est en train de se produire sous nos yeux est la répétition de l’Histoire.

A la manœuvre entre 1996 avec la guerre de l’AFDL, et en 1998 avec la guerre du RCD et du MLC, l’Occident y reste ! Il a calmement attendu le moment indiqué en utilisant (comme toujours) la donne humanitaire.

La finalité perceptible est la trêve humanitaire qui couvre en vérité et en réalité la trêve armée. C’est-à-dire une double trêve qui ouvre la voie au Dialogue national en passant par les Processus reconditionnés de Luanda et de Nairobi.

Pour l’histoire, c’est par les négociations consacrées par l’Accord de cessez-le-feu de Lusaka en 1999 entre belligérants que fut initié le Dialogue intercongolais intégrant l’Opposition politique et la Société civile (Forces vives).

A l’époque, l’Opposition «tractée » par l’UDPS avait soutenu l’Occident dans ce schéma.
On a la nette impression du retour de manivelle.

L’enseignement à retenir est qu’en donnant son accord tardivement puisque militairement affaibli, M’Zee Laurent-Désiré Kabila avait perdu l’initiative politique. Il s’était résigné à subir les évènements.

Vraisemblablement, cela pourrait malheureusement se reproduire, donnant raison à Lee Iocaca, auteur de la sentence : «Toute bonne décision prise trop tard devient une mauvaise décision ».

Sur ce coup-là, le leadership congolais a (pris) du plomb dans l’aile, l’Occident nous ayant une fois de plus bien eus par notre propre faute via nos voisins. Les mêmes. Faute consistant à nous détester à temps et même à contre-temps, souvent par procuration, hélas !

Omer Nsongo die Lema
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