Ce n’est pas la peine de jouer au plus fin avec les nerfs déjà à bout des populations. Personne n’est dupe : la campagne électorale a bel et bien démarré. Elle est même en cours depuis quatre ans, dès la prise de fonction du successeur de Joseph Kabila à la magistrature suprême en janvier 2019. Prenant le contrepied de l’accord conclu à Nairobi avec Vital Kamerhe, son partenaire de la coalition Cap pour le changement (CACH), Félix Tshisekedi, s’était lancé en campagne, réclamant régulièrement du peuple un second mandat, dès lors même que son quinquennat n’en était encore qu’à ses balbutiants débuts.
Il n’en fallait pas plus pour que des membres du gouvernement, des parlementaires, gouverneurs ex-FCC reconvertis Union sacrée par la magie de la corruption et d’autres privilèges occultes se lancent dans une course effrénée à la « mobilisation» pour la réélection de celui à qui certainement ils doivent tout. Des membres de l’Exécutif, particulièrement, rivalisent de frénésie et semblent privilégier l’Equateur, le Kasaï, et le Katanga.
Kinshasa bien sûr n’est pas en reste, où le maire de la capitale, ravi d’avoir sorti sa ville, selon ses dires, de la liste des 25 villes les plus sales au monde, consacre ses jours et ses nuits à la louange de la «vision du chef de l’Etat». Des sondages à la carte se succèdent et alignent au jour le jour les meilleurs gouverneurs de province, ministres ou personnalités qui apporteraient le maximum d’électeurs à leur candidat dont ils arborent l’effigie sur leurs chemises-pagnes, après avoir rangé les anciennes floquées JKK.
Il apparait dans ce contexte que toutes les dispositions légales sur la campagne électorale ne concernent pas les tenants du pouvoir. En revanche, elles sont de rigueur et même appliquées sans concession par des forces de l’ordre avec un maximum de zèle pusillanime à tous les opposants.
Pire, la campagne elle-même, pour peu qu’on y prête une oreille par simple curiosité, est émaillée de messages de haine, d’invectives racistes et de diatribes tribalo-ethniques. Nulle part l’ombre d’une ébauche d’un programme réfléchi. Pas la moindre once de regret ni d’excuses pour des promesses non réalisées. A la place, des appels au meurtre des autres candidats à la présidentielle se multiplient, et iront en augmentant au fur et à mesure qu’approcheront les échéances électorales.
Dans cette atmosphère délétère, tous les « fous du roi » ne semblent pas réaliser le danger qu’ils font courir à la cohésion nationale déjà fragile.
Econews