Tirs rwandais contre un avion de chasse congolais : Kinshasa dénonce un « acte de guerre »

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Panique générale, mardi soir à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, lorsqu’un avion de chasse Sukhoï-25 de l’armée de l’air de la République Démocratique du Congo a essuyé les tirs de la défense aérienne rwandaise. Sans se cacher, Kigali a reconnu avoir agi par légitime défense pour défendre son territoire, violé, selon lui, à «trois reprises» par l’armée congolaise. En même temps, Kigali a annoncé avoir déployé des «mesures préventives », dénoncer une énième «agression». La réaction de Kinshasa n’a pas tardé. En séjour à Lubumbashi dans la délégation qui accompagne le Premier ministre au lancement des opérations d’enrôlement des électeurs, le porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya, a dénoncé un «acte de guerre», promettant de «ne pas se laisser faire» en usant de «son droit légitime» pour défendre le territoire national.
Un chasseur de l’armée de l’air de la RDC a essuyé des tirs de l’armée rwandaise ce mardi vers 15 heures TU, alors qu’il effectuait une patrouille de routine au-dessus du lac Kivu. L’avion de type Sukhoi 25 a été touché et légèrement endommagé, le pilote réussissant à regagner sa base sur l’aéroport de Goma. Les images qui ont aussitôt fait le tour de la Toile montrent des impacts des balles à l’arrière de la carlingue ainsi que sur la dérive de l’une des ailes de l’appareil.
Dans l’après-midi, des images filmées par des habitants de Goma, ville frontalière avec le Rwanda, montrait un avion de chasse des forces armées congolaises effectuer des manoeuvres avant d’être atteint par un obus lumineux. Des éclats ont été ramassés à Goma et des images postées sur les réseaux sociaux l’attestent.
L’appareil a atterri en catastrophe à l’aéroport international de Goma, des flammes s’échappant de ses réacteurs. Le service anti – incendie de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) à l’aéroport les a éteintes à l’atterrissage, peut-on voir sur des images.
Dans un communiqué laconique diffusé quelques minutes après l’incident, le gouvernement de Kigali a évoqué une «provocation» de la part de l’armée congolaise dont un avion de guerre aurait violé son espace aérien. Il a confirmé que les tirs défensifs avaient été effectués par ses forces de la région frontalière de Rubavu. Des témoins contactés à Goma confirment deux tirs dont un obus est tombé à proximité des habitations dans la capitale du Nord-Kivu.
«Aujourd’hui à 17h03, un Sukhoi-25 en provenance de la RD Congo a violé pour la troisième fois l’espace aérien rwandais. Des mesures défensives ont été prises. Le Rwanda demande à la RDC d’arrêter cette agression», a déclaré le gouvernement rwandais, dans un communiqué émis par son porte-parole quelques minutes après l’incident.

Kinshasa sur pied de guerre
En réaction, le gouvernement de la République démocratique du Congo «considère cette énième attaque du Rwanda comme une action délibérée d’agression qui équivaut à un acte de guerre n’ayant pour objectif que de saboter les efforts en cours dans la mise en œuvre des actions convenues dans le cadre des processus de Luanda et de Nairobi pour la restauration de la paix dans l’Est de la République Démocratique du Congo et dans la région des Grands-Lacs».
Des observateurs à Kinshasa estiment que le Rwanda n’est nullement fondé à évoquer une quelconque «provocation» découlant d’une prétendue violation de son espace aérien, le lac Kivu n’étant pas un espace exclusif du Rwanda, d’une part. De l’autre, la déclaration de Kigali assortie d’une menace à peine voilée vient mettre à nu le cynisme du président Paul Kagamé pour qui sans doute l’occupation d’une partie du territoire congolais de Rutshuru par ses troupes sous le couvert du mouvement terroriste du M23 ne serait pas une violation manifeste du territoire d’un pays voisin au mépris des traités et conventions internationaux sur les crimes d’agression et de terrorisme d’Etat.
Acculé de toutes parts, les condamnations et les appels des capitales des quatre coins du monde à l’adresse de Kigali, pressé instamment de retirer ses troupes du Congo et de cesser tout soutien au mouvement terroriste ont amené Paul Kagamé à changer de stratégie : il s’agit d’étaler à la face du monde les velléités supposées du gouvernement congolais de mener une guerre d’agression contre son pays, ce qui justifierait ipso facto, selon lui, la présence préventive de son armée sur le sol congolais. Mais personne n’est dupe.

Econews

(Ci-dessous le communiqué officiel du Gouvernement congolais)

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