La situation financière de la République Démocratique du Congo semble très préoccupante. La dette publique augmente de façon exponentielle pendant que les coupables s’amusent à souligner que les ratios restent dans les limites du raisonnable. Ce qui est très préoccupant est que le pays n’a pas une stratégie nationale de gestion de la dette intérieure et extérieure. On emprunte pour emprunter et on finance des éléphants blancs qui n’ont pas d’impact sur le développement et sur le vécu quotidien de la population.
L’atteinte du point d’achèvement en 2010 dans le cadre des pays pauvres très endettés avait permis de réduire la dette nationale extérieure de 14 milliards à 2,5 milliards USD. Aujourd’hui, la dette extérieure se chiffre à 10 milliards USD. La RDC est sur le point de revenir à la situation d’avant l’atteinte du point d’achèvement où une grosse partie des ressources budgétaires était affectée au remboursement de la dette au détriment de l’économie nationale.
Sans stratégie de gestion de la dette intérieure et extérieure, le pays va progressivement vers l’inconnu. Il faut arrêter cette naïveté qui consiste à croire que les ratios d’endettement sont faibles et par conséquent il faut continuer à s’endetter aveuglément sans que l’on voie concrètement les projets financés et leurs résultats sur le développement du pays et le niveau de vie de la population.
Je voudrais sonner la sonnette d’alarme. Le développèrent n’est pas une question des immeubles construits pour nous par les turcs et les chinois. On a besoin de savoir ce que nous faisons de ces immeubles et comment on va les entretenir après la construction. On a besoin d’utiliser les Congolais pour qu’ils apprennent à construire leur propre pays.
Beaucoup de projets réalisés par les turcs et les chinois vont cesser de fonctionner après leurs départs chez eux car les congolais ne sont pas associés à la construction et ne sauront quoi faire de ces éléphants blancs. Aucun pays ne se développe de façon durable par le travail que les étrangers font à la place des nationaux. C’est ridicule de voir les turcs et les chinois travailler pendant que les congolais regardent comme des spectateurs. Changeons notre approche au développement.
On a besoin de ne pas nous tromper encore et pour toujours. Posons-nous la question de savoir pourquoi notre budget national a été multiplié par quatre en cinq ans et la dette a été doublée, mais nous avons des arriérés des salaires des fonctionnaires qui sont payés avec des maigres salaires. Tout ceci dénote une faiblesse majeure : le pays manque de politique économique et financière cohérente. Sans planification adéquate, nous allons vers l’inconnu.
Il est temps de prendre une pose, d’élaborer un budget réaliste et une politique économique et financière ainsi qu’une stratégie nationale raisonnable de gestion de la dette intérieure et extérieure. Sans cette vue d’ensemble, il faut craindre une autre perte de temps qui ne va pas régler les véritables défis auxquels nous sommes confrontés : le chômage, le pouvoir d’achat déclinant, la dépréciation continue de la monnaie nationale et la marche sur place alors que d’autres pays vont de l’avant.
(*) Titre enrichi par la rédaction
Professeur Noël Tshiani M. (CP)