Sahara marocain : 2025, l’année du dénouement

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L’administration Trump semble décidée à tourner définitivement la page du conflit artificiel autour du Sahara marocain. En plaçant Rabat au cœur de sa stratégie africaine et en accentuant la pression sur Alger, Washington envisage de rebattre les cartes dans cette région clé pour l’équilibre géopolitique mondial.

L’année 2025 pourrait marquer un tournant décisif dans l’interminable conflit autour du Sahara marocain. C’est l’analyse livrée par l’Instituto Coordenadas de Gobernanza y Economía Aplicada, un think tank basé à Madrid, qui souligne le rôle central que les États-Unis, sous la présidence retrouvée de Donald Trump, s’apprêtent à jouer. Déjà à l’origine de la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en 2020, l’Exécutif américain semble désormais vouloir aller plus loin : enclencher une dynamique irréversible vers une solution fondée sur l’autonomie sous souveraineté marocaine.

Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a récemment rappelé que la proposition marocaine constitue «la seule base réaliste et crédible » pour sortir de l’impasse. Le soutien exprimé est clair. Mais Washington va plus loin : une suspension de la contribution américaine à la MINURSO est désormais évoquée, signe d’une impatience à peine voilée. Pour l’administration Trump, la voie est toute tracée : il s’agit de convaincre, ou de contraindre, l’Algérie et le Front polisario à rejoindre une solution politique centrée sur l’initiative marocaine.

D’après l’analyse de l’Instituto Coordenadas, l’administration américaine aurait mis sur la table une double stratégie à l’égard d’Alger : d’un côté, la promesse d’une intégration accrue dans l’économie occidentale, incluant investissements américains dans le secteur énergétique et transferts technologiques ; de l’autre, des menaces explicites. Celles-ci incluent des sanctions économiques contre des entités algériennes et, surtout, l’éventualité de classer le polisario comme organisation terroriste étrangère, un scénario évoqué par des think tanks américains comme le Hudson Institute.

Dans ce contexte, le soutien de longue date d’Alger au mouvement séparatiste pourrait lui coûter cher. Le démantèlement des camps de Tindouf et le désarmement du polisario sont évoqués comme des exigences préalables à toute avancée. À défaut de coopération, Alger risquerait un isolement diplomatique renforcé.

Pour les États-Unis, le Sahara dépasse les frontières régionales. Washington considère désormais le Maroc comme un État pivot de sa stratégie africaine, essentiel à la stabilité du Sahel et à la sécurité énergétique mondiale. Le conflit saharien perturbe, en effet, l’exploitation de ressources critiques telles que l’uranium, l’or ou les terres rares. Résoudre le différend régional autour du Sahara marocain est donc perçu comme indispensable pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement mondiales et contrer la montée en puissance de la Chine sur le continent.

À quelques mois des élections américaines de mi-mandat, Donald Trump semble vouloir capitaliser sur un succès diplomatique au Maghreb. Le cinquantenaire de la Marche Verte pourrait ainsi coïncider avec un accord politique sous égide américaine, ouvrant la voie à une nouvelle ère de stabilité régionale.

Face à cette recomposition en cours, l’Union européenne est appelée, d’après l’Instituto Coordenadas, à clarifier sa position pour ne pas rester à l’écart d’un dénouement historique aux conséquences géopolitiques majeures.

Avec Hespress

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