Révocation de Jean-Bosco Bahala à la coordination du PDDRC-S : l’arbre qui cache la forêt

Dans un retournement inattendu qui a surpris plus d’un observateur de la scène politique congolaise, l’abbé Jean-Bosco Bahala a été démis de ses fonctions à la tête de la coordination du Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (PDDRC-S). Une ordonnance-présidentielle, lue mardi sur les antennes de la télévision nationale, a mis fin à ses fonctions, relançant ainsi les spéculations sur les raisons cachées de cette éviction.

L’abbé Bahala, qui avait été nommé à ce poste stratégique il y a quelques mois après son éviction à la présidence du Conseil supérieur de l’audio-visuel et de la communication (CSAC), fait désormais face à une situation délicate.

Selon des informations concordantes, son éviction est liée à des déplacements récents en Ouganda, où il aurait eu, selon son entourage, l’autorisation officielle de participer à des discussions qui, visiblement, ne faisaient pas l’unanimité au sein du pouvoir de Kinshasa.

Car au-delà des détails administratifs, c’est la portée symbolique de ses actions qui a provoqué une tempête politique. Les autorités congolaises semblent avoir perçu son voyage comme une menace potentielle, risquant de valider des contacts directs avec les rebelles de l’AFC, notamment ceux dirigés par Corneille Nangaa, qui bénéficient du soutien du Rwanda.

Les craintes d’un rapprochement avec ces groupes armés ont entraîné une réaction fulgurante des autorités, soldée par la décision de sacrifier l’abbé Bahala.

Dans un cadre où les relations entre la RDC et ses voisins, en particulier le Rwanda, restent tendues, la communication du Gouvernement a été claire.

Le porte-parole Patrick Muyaya n’a pas tardé à relayer la position officielle en affirmant que «aucune personne n’a été mandatée par le gouvernement pour une quelconque forme de discussion avec les terroristes du RDF (Forces de défense rwandaises) M23 à Kampala». Une façon pour Kinshasa de maintenir une ligne ferme face à toute forme de négociation avec les groupes armés et leurs soutiens.

La chute spectaculaire de l’abbé Bahala privilégie une lecture politique de plus en plus complexe, où les enjeux de pouvoir et de sécurité se croisent dans un contexte instable. En tant que fusible, l’abbé Bahala a peut-être agi sous des instructions reçues, mais son sacrifice illustre également une volonté de la part des dirigeants congolais de s’affirmer face à des puissances régionales et de reconfigurer les alliances internes.

Les répercussions de son éviction sont d’ores et déjà palpables, et les experts s’interrogent sur l’avenir du PDDRC-S en l’absence d’une coordination forte. Les défis liés au désarmement et à la réintégration des groupes militaires resteront d’actualité, mais la gestion des relations avec les acteurs extérieurs, surtout en ce qui concerne les tensions avec le Rwanda, demandera une agilité politique accrue. La question est désormais de savoir qui sera en mesure de prendre la relève et d’apporter un réel changement dans un environnement politique en ébullition.

Ainsi, l’abbé Jean-Bosco Bahala sur la touche ne semble être que le symptôme d’une maladie politique plus vaste, celle de l’angoisse et de l’incertitude qui guettent la République Démocratique du Congo face à ses défis internes et externes. Les mois à venir s’annoncent cruciaux pour savoir si une nouvelle direction peut stabiliser une situation déjà précaire ou si d’autres figures auront à pâtir de l’incertitude politique ambiante.

Econews

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