Révision ou changement de la Constitution : la rue s’exprime

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A protester holds a placard, reading "DR Congo says no to a constitutional revision", in front of the UNC opposition party's headquarters in Barumbu, near Kinshasa, on September 13, 2014, during a demonstration against a bill for a constitutional amendment which would allow President Joseph Kabila to run for a third term in 2016. AFP PHOTO / Junior D. Kannah

Au cours d’un meeting tenu dernièrement à Kisangani (province de la Tshopo), le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, a exprimé son intention de procéder à une révision de la Constitution, l’actuelle, selon lui, ayant été rédigée «à l’étranger par des étrangers». Raison invoquée : la Constitution révisée va permettre une gestion efficace du pays. Une équipe de rédaction sera mise sur pied en début d’année prochaine pour s’atteler à cette tâche, a annoncé le Président Tshisekedi.

Econews a interrogé quelques Kinois pour recueillir leurs avis. 

Pour M. Dassange Luluka, 30 ans, homme d’affaires,  «le changement de la Constitution n’est pas une priorité pour l’instant en République Démocratique du Congo». Il s’en défend en soutenant que «le changement de la Constitution vise des calculs politiciens plutôt que l’intérêt du peuple».

«Où en est-on avec  le slogan  +Le peuple d’abord+, tant vanté en début du premier mandat  du Président Tshisekedi», s’est interrogé M. Luluka. Allusion faite à la vie chère à laquelle fait face la population ces derniers temps, sans qu’on puisse y apporter une solution en dépit de promesses du gouvernement.

Pour sa part, Olivier Mukeba, agent de l’Etat, qui soutient la révision de la Constitution, a étayé ses propos par le fait que celle-ci prendra en compte les réalités actuelles du pays.

«Certains articles de l’actuelle Constitution ne s’adaptent pas aux  réalités actuelles de la RDC», a-t-il fait remarquer, citant l’exemple de l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs de  province qui, a-t-il soutenu, se déroule sur fond de corruption au niveau des assemblées provinciales. «Cela n’honore pas le pays», a-t-il déploré, suggérant l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs de province par la population pour remédier à la situation.

OPPORTUNITE OU PRIORITE?

Alors que la République Démocratique du Congo traverse une crise sécuritaire dans sa partie Est, certaines personnes estiment que la révision ou le changement de la Constitution n’est pas une priorité dès lors que l’on sait qu’elle a beaucoup d’urgences dans divers secteurs.

Beaucoup d’habitants estiment qu’une révision ou un changement de la Constitution, dans un contexte d’état d’urgence décrété dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu et de l’occupation de certains de leurs, ne concernerait pas celles-ci. Aussi craignent-ils que la situation sécuritaire des deux provinces empire.

Seulement voilà, d’autres personnes ont une autre perspective sur cette question. Tel est le cas d’une étudiante à la faculté de l’économie à l’Université de Kinshasa (UNIKIN) qui, sous le sceau de l’anonymat, a soutenu que la Constitution doit évoluer au fil du temps en fonction des réalités actuelles de la République Démocratique du Congo; elle ne doit donc pas rester figée.

«Chaque Constitution établit des règles concernant la procédure de révision, ce qui est indispensable pour assurer la légitimité et la stabilité du cadre juridique », a-t-elle rappelé, soutenant  qu' »il est légitime de réviser si elle vise un intérêt général « . Et d’ajouter : « La Constitution de 2006 n’est plus adaptée aux circonstances actuelles du pays. D’où la nécessité d’engager un débat inclusif et transparent afin d’évaluer les avantages et les dangers d’une telle réforme ».

Benny Lutaladio

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