RDC : le retour de la violence à Kwamouth suscite l’inquiétude

Le conflit entre les com munautés Teke et Yaka dans la province du Maï-Ndombe a fait au moins 300 morts ces dix derniers mois, selon Human Rights Watch (HRW). Après une courte accalmie, les violences ont repris à quelques mois des élections. La peur gagne déjà la périphérie Nord-Est de la ville de Kinshasa.
L’accalmie aura été de courte durée. Après une trêve de quelques semaines, les violences entre Teke et Yaka ont de nouveau été meurtrières dans la province du Maï-Ndombe. La société civile de Kwamouth a rapporté que 34 personnes ont été tuées et plus d’une centaine sont portées disparues en mars 2023. L’attaque d’une embarcation sur le fleuve Congo, qui transportait 220 passagers en direction de l’Equateur, a également été signalée. Le cycle de représailles semble avoir repris de plus belle entre les communautés Teke et Yaka, en conflit pour une redevance coutumière et un accès à la terre.
Au moins 300 morts
Les Teke se considèrent comme originaires et propriétaires des villages situés sur 200 kilomètres le long du fleuve Congo, face aux Yaka, qui sont venus s’installer plus tard dans la région. Pendant tout l’été 2022, Teke et Yaka se sont affrontés à l’arme blanche, notamment dans la cité de Kwamouth. Plusieurs raids teke ont également été menés contre des villages yaka, incendiant des centaines de maisons, d’écoles et de centres de santé. Le conflit a provoqué la mort d’au moins 300 personnes et la fuite de plus de 50.000 déplacés, selon Human Rights Watch.
Depuis le début des affrontements, au mois de juin 2022, le conflit n’est toujours pas circonscrit. Le principal risque est un embrasement des violences jusqu’à Kinshasa, située à seulement deux jours de bateau de Kwamouth. De nombreux déplacés du Maï-Ndombe se trouvent également réfugiés dans la capitale, exportant ainsi le conflit entre Teke et Yaka dans la mégapole de plus de 17 millions d’habitants.
En novembre 2022, des membres de la communauté Yaka ont attaqué des Teke dans la commune kinoise de Maluku, faisant 16 morts. Certains redoutent que le conflit du Maï-Ndombe, province proche de l’opposition, se transforme en mouvement insurrectionnel, comme cela avait été le cas dans les Kasaï avec la rébellion Kamuina Nsapu, en 2016, sous Joseph Kabila.

Un besoin de justice
Le gouvernement central n’a semble-t-il pas réellement pris la mesure du danger de contagion dans un contexte politique et sécuritaire tendu avec la guerre dans l’Est du pays et les élections qui approchent. «Le gouvernement n’a pas renforcé les effectifs des forces de sécurité provinciales, pourtant débordées, avant le mois de septembre, et n’a pas fourni une aide adéquate aux plus de 50.000 personnes déplacées par les violences», dénonce Human Rights Watch, qui a enquêté sur place et à Kinshasa. «Les autorités congolaises devraient prendre d’urgence les mesures nécessaires pour protéger les civils dans l’Ouest du pays contre de nouvelles attaques et faire respecter l’état de droit », estime Thomas Fessy, responsable d’Human Rights Watch en République démocratique du Congo (RDC). «Il est crucial de traduire en justice les responsables des violences meurtrières à Kwamouth et de répondre aux griefs sous-jacents ».
Avec Afrikarabia

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