China Molybdenum (CMOC), géant chinois et leader mondial du cobalt, a annoncé avoir atteint ses objectifs de production pour 2024, mais se montre inquiet quant à l’avenir du marché du cobalt. Cette incertitude pourrait avoir des répercussions importantes en République Démocratique du Congo (RDC), où CMOC détient des parts majoritaires dans Tenke Fungurume Mining (TFM) et Kisamfu Mining (KFM), deux des plus grands producteurs de ce métal stratégique essentiel pour les batteries et l’industrie technologique mondiale.
Alors qu’il vient d’annon cer d’avoir atteint ses objectifs de production pour 2024, le chinois China Molybdenum (CMOC), premier producteur mondial de cobalt, s’inquiète de l’avenir du Cobalt.
Dans un courrier adressé à Bloomberg, le groupe exprime ses inquiétudes face à la portion de plus en plus réduite du cobalt dans les batteries des véhicules électriques : «Les applications liées aux batteries représentent 73 % de la demande de cobalt et sont le principal moteur de la croissance du marché».
L’industrie automobile dont les batteries pour véhicule électriques ont représenté 96% de la demande en cobalt, est en pleine mutation vers des batteries plus abordables.
Ce qui explique le développement et la demande des batteries sans cobalt – lithium fer phosphate (LFP). Composés de lithium, ces batteries sont moins chères à cause notamment de la disponibilité du lithium un peu partout au monde, contrairement au cobalt dont la RD Congo produit 73% de la production mondiale. En pleine croissance 2022, le LFP représentait près de 40% des compositions chimiques des batteries des VE et 55% pour les compositions de cobalt.
Paradoxalement, c’est la Chine, dont les entreprises comme CMOC contrôlent le gros de la production mondiale de cobalt, qui pousse la demande des batteries LFP. En 2023, 45% de voitures électriques vendues étaient équipées en batteries LFP.
Ce changement dans la composition chimique des batteries des véhicules électriques pourrait très vite rendre le cobalt obsolète. L’industrie aéronautique qui constitue la deuxième source de consommation du cobalt ne suffira pas à absorber la production actuelle; une production en hausse notamment à cause de la surproduction de CMOC sur ses deux mines de Tenke Fungurume et Kisanfu en RD Congo.
Malgré les prix en baisse, CMOC avait accru sa production, devenant le premier producteur mondial devant le Suisse Glencore, contribuant davantage à la baisse des prix. Ce qui était perçu comme une manœuvre géopolitique pour empêcher l’entrée sur le marché des concurrents occidentaux, commence à avoir un impact sur les revenus du groupe. Dans son dernier rapport trimestriel, le groupe annonçait une diminution de 1,38% la marge de bénéfice brut par rapport à la même période de l’année précédente.
L’obsolescence annoncée du cobalt a de quoi aussi inquiéter la R.D. Congo qui verrait davantage ses revenus des exportations de cobalt baisser. Face à cette chute, les groupes miniers dans le pays pourraient décider de l’arrêt de production du cobalt qui est un dérivé du cuivre et du nickel.
Face à ces développements scientifiques et ces changements vers des batteries sans cobalt, il y a lieu de s’interroger sur la viabilité économique pour la RD Congo à pousser pour construire une industrie de fabrication des composants en cobalt utilisés dans le secteur automobile.
Cette situation est aussi révélatrice de l’une de plus grandes faiblesses des pays producteurs du Sud de ces minerais critiques, leur incapacité à contrôler et prédire les évolutions – n’ayant pas investi dans la recherche et le développement technologique et scientifique qui détermine l’usage de ces métaux.
Avec projetafriquechine.com