Les préjugés de l’Inspection générale des finances vis-à-vis de la Sicomines (Sino-congolaise des mines) ne cessent de susciter des réactions au sein de l’opinion publique. Face à cette situation, l’ancien chargé de communication du Bureau de Coordination et de Suivi du Programme sino-congolais (BCPSC), John Omombo, a réagi au cours d’un entretien avec la presse, recadrant toutes les incohérences, contenues, soutient-il, dans le rapport que l’Inspection générale des finances (IGF) a rendu public, le 15 février 2023. John Omombo est convaincu d’une chose : dans sa forme, le rapport de l’IGF est politiquement orienté. Pour quel objectif ? Avec quelle intention ? De l’avis de John Omombo, seul le patron de l’IGF, Jules Alingete, pourrait répondre à cette question. En attendant, il laisse au public le temps de deviner les vraies intentions de l’IGF en rendant public son rapport en cette année électorale. « Ce n’est pas anodin», pense-t-il
Après lecture de 16 exigences et 31 points de conclusion du rapport de l’IGF, John Omombo, qui a longtemps travaillé dans le Bureau de coordination et de suivi de l’accord sino-congolais, dit avoir l’impression que le «déséquilibre» du contrat signé entre la RDC et la Chine pour l’exploitation des ressources naturelles qu’évoque l’IGF, a tout l’air d’un «rapport politique au niveau de la forme».
«J’ai lu ces exigences et 31 points de conclusion. Mais au niveau de la forme, j’ai eu l’impression qu’il s’agit d’un rapport politique. Parce que déjà, au cours de la réunion, dont la communication était essentiellement destinée aux parties, j’ai vu que, les parties et la presse, ont découvert les documents au même moment, ce qui pose un problème. J’ai eu l’impression qu’on n’a pas accordé aussi la parole aux parties», a-t-il déploré, avant d’ajouter : «Mais ce que je voudrais dire, c’est qu’il ne faut pas confondre Réserve certaine et Réserve estimée».
«Les 10 millions de tonnes de cuivre dont on parle dans ce projet de coopération, ce sont les estimations», rappelle John Omombo. Il va plus loin : «Ce qui voudrait dire que si 10 millions de tonnes de cuivre représentent un montant de milliards de dollars, ce n’est pas qu’on a donné les milliards de dollars américains aux Chinois. Non! Parce que ces réserves n’ont pas été cédées à la Chine, ce sont des réserves mises à contribution pour une exploitation commune. C’est-à-dire la Chine, à travers le Groupement d’Entreprises Chinoises qui est constitué de sociétés d’État en Chine et le Groupe Gécamines, la partie congolaise qui est représentée par le Groupe Gécamines. Et donc les droits des titres sont une propriété de la République Démocratique du Congo. Les gages, les prêts au niveau de la banque, ce n’est pas la RDC, c’est plutôt les entrepreneurs chinois qui ont apporté des garanties au niveau de la banque».
Des chiffres qui confondent Alingete
John Omombo révèle également qu’il est prévu qu’après le remboursement de l’investissement de out l’argent, que cet outil revienne à la République Démocratique du Congo. Aussi, note-t-il que «les chiffres avancés par l’inspecteur général des finances sont, selon lui, dénués de tout fondement».
John Omombo décèle des incohérences dans les conclusions de l’IGF : «Sur le plan de la production, j’ai aussi constaté qu’il y a des chiffres qui sont avancés et ça circule sur les réseaux sociaux. On parle de 12 milliards USD, il semble que les entreprises chinoises se sont payées 9 milliards USD, les banques chinoises ont eu 2 milliards USD et la RDC n’a obtenu que 850 millions USD à travers le financement de ses infrastructures. Alors j’ai réfléchi trop vite, par ce que je connais que pour la première phase de production de la Sicomines, il était prévu une production annuelle de 125 mille tonnes de cuivre. Et quand vous prenez les 125 mille tonnes de cuivre multiplié par le prix de la tonne qui est 9000, ça vous donne un chiffre et ce chiffre-là lorsque vous le multipliez fois six qui représente 6 ans, ça vous donne 6.750.000.000 de dollars US. Quand je vois qu’on parle de 9 milliards, de 12 milliards, de 10 milliards, je sens que ce sont des chiffres qui vont au-delà du chiffre d’affaires que devrait générer la Sicomines. Là, je ne parle pas de gains, mais ici les chiffres qu’on nous présente, ce sont des gains. Moi je parle du chiffre d’affaires, en principe lorsqu’on fait les calculs, 125 mille tonnes de cuivre fois 9.000 multiplié par 6 ans, ça vous donne un chiffre. Mais ce chiffre n’atteint pas 10 milliards USD. Alors, est-ce que l’IGF ne peut pas nous présenter un tableau clair qui indique que réellement il y a eu cet argent qui a été généré comme gains? Ça c’est très important».
Pour ce qui est de la revisitation du contrat signé entre la RDC et les sociétés chinoises, John Omombo, est d’avis que la négociation est une activité permanente. «Aujourd’hui, il y a l’Agence qui est là pour jouer le rôle d’interface et de facilitation, parce qu’il faut rapprocher les parties. C’est pour ça aussi qu’il y a eu des avenants 1, 2, 3 et aujourd’hui nous en sommes au 4eme, donc ça ne sert à rien de s’attaquer aux compatriotes qui avaient participé aux négociations avec la partie chinoise parce qu’ils l’ont fait en hommes respectables».
Selon lui, les Congolais ont oublié dans quel contexte ce contrat a été négocié. «C’était, dit-il, au moment où le pays n’était pas fréquentable, c’était aussi au moment où la Gécamines comme tous les autres partenariats n’avait pas 20% des participations, c’est ce projet qui a influencé les autres partenariats et la Gécamines a pu voir sa participation être relevée». Et de poursuivre : «Donc ça ne sert à rien de s’attaquer aux Chinois pour ce qui est du déséquilibre dans la participation au capital social ».
John Omombo invite les congolais à relever le débat sur la rentabilité économique et la rentabilité financière de ce contrat. Il est d’avis qu’avec ce contrat, la RdCongo gagne dans la rentabilité financière et dans la rentabilité économique, parce qu’elle est actionnaire à travers la Gécamines et les 32% lui reviennent. Mais au-delà là de ça, ajoute-t-il, au niveau de la rentabilité économique, il y a toutes les externalités positives dont bénéficie la RDC, l’emploi des ses citoyens, les taxes qu’il faut payer, les impôts et ainsi de suite.
Remise en cause de l’IGF
«Quand vous regardez même des études qui ont été menées dans les autres pays qui nouent des partenariats miniers comme la RDC, ils n’ont pas 32% des parts. Quand vous prenez le Pérou, il a donné 100% aux Canadiens, parce que quand les investisseurs viennent s’installer dans un pays, c’est avantageux pour le pays, parce que le pays gagne à travers la taxe, les impôts, la douane… et l’emploi de ses citoyens, c’est ça même le rôle de l’Anapi celui d’assurer la promotion des investissements, veiller à l’amélioration du climat des affaires. Et aujourd’hui le pays a besoin d’un investissement étranger pour se développer parce que notre budget n’est pas à la hauteur de nos ambitions, et la Chine représente plus de 60% de l’investissement étranger dans notre pays».
Pour ce qui est de l’accusation selon laquelle les infrastructures réalisées par les hinois seraient invisibles, John mombo brandit les preuves pour réfuter cette accusation de l’IGF. «Dois-je rappeler que la zone du Boulevard Triomphal est devenue une zone sino-congolaise avec des infrastructures un peu partout qui sont construites dans le cadre du Programme Sino-Congolais, même l’imposant Centre culturel qui est en face du Palais du Peuple? Le Congo n’a donné aucun rôle, c’est un don de la Chine. Doit-on vraiment s’attaquer à des partenaires qui, chaque fois, lors que le pays est en détresse, ils sont là aux côtés de la RDC? Le Congo n’a pas un meilleur ami comme la Chine».
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