Pourquoi je soutiens la proposition du Président du Sénat, honorable Sama Lukonde

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Il y a deux ou trois ans j’avais fait une publication sur l’incongruité du Palais du peuple comme siège pérenne du Parlement congolais. Cela en rappelant que la précipitation des évènements au moment de l’indépendance n’avait pas permis de doter le jeune état de bâtiments dédiés pour ses institutions.

C’est ainsi que le bâtiment du gouvernorat général de la colonie, aujourd’hui Palais de la Nation et siège de la Présidence de la République, fut improvisé comme siège du Parlement en 1960. C’est d’ailleurs en son sein que le roi Beaudouin 1er fit la déclaration d’indépendance et que le discours historique du Premier ministre Patrice Lumumba fut prononcé.

Il appartenait ensuite aux autorités du nouvel état indépendant de programmer l’érection des édifices pour les institutions de la république. Mais rien ne fut fait. Nombreuses institutions et plusieurs services de l’état sont toujours mal logés et squattent les bâtiments coloniaux, souvent inadaptés, à l’exemple du ministère de la Justice qui occupe une aile du Palais de Justice de Kinshasa, alors que certains offices judiciaires sont éparpillés dans la ville ou locataires de bâtiments privés (rappelons que la solennité des lieux est un élément d’affirmation de l’exercice du pouvoir, et singulièrement du pouvoir judiciaire).

Après la construction du palais du peuple par la Chine, qui était initialement destiné à la culture, le pouvoir de Mobutu décida la migration des activités politiques et parlementaires du parti unique dans ce nouveau bâtiment.

Ensuite, la Conférence nationale souveraine s’y tiendra et le parlement de transition y élira son siège.

Ainsi le Palais du peuple n’est pas le siège du Parlement par destination, mais un siège par défaut, né d’une improvisation et conséquence d’un provisoire qui dure depuis plus de 30 ans.

On objectera que le contexte économique et la situation financière du pays, qui est confronté à de multiples défis, ne permettent pas aujourd’hui d’initier un projet de construction d’un nouveau siège dédié au parlement. Certes, mais à force de procrastination on ne fera jamais rien. Il faudrait au moins commencer par une programmation, car il s’agit d’une nécessité pour permettre que le travail des parlementaires s’effectue dans les meilleures conditions.

En effet, un parlement doit offrir des conditions de travail idoines pour les élus, et être un lieu exclusif et inviolable, comme le prévoit du reste la constitution.

Or le Palais du peuple ne remplit aucune de ces conditions. Outre le fait qu’il est régulièrement assailli par des personnes extérieures, les parlementaires n’y disposent même pas suffisamment de bureaux et d’autres commodités essentielles pour faire leur travail.

D’autre part, la salle de plénière de l’assemblée nationale n’est pas un hémicycle, alors que c’est le standard pour tous les parlements au monde. Elle est plutôt en configuration de salle des congrès, ce qui n’est pas adapté à l’activité parlementaire.

D’ailleurs l’usage du Palais du peuple est curieusement polyvalent : il est tantôt un lieu de funérailles, tantôt le cadre d’activités politiques diverses ou de manifestations culturelles. Et il sert même de lieu de parking pour les bus Academia, destinés aux étudiants (!).

Tout cela n’est pas sérieux, et encore moins respectable pour une institution aussi importante qu’est le parlement.

La RDC étant un pays majeur, dont la démocratie se consolide au cœur de l’Afrique, mérite d’avoir un siège de Parlement digne de son rang et de ses ambitions.

Me Charles Kabuya (CP)

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