Pour se soustraire du piège de l’EAC :  Tshisekedi réactive l’axe Brazzaville-Luanda-Pretoria

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Le Président de la République, Félix Tshisekedi, sait désormais que rien de bon  ne sortira du processus de Nairobi, engagé sous l’égide de l’EAC (Communauté de l’Afrique de l’Est). Les conclusions ternes du dernier sommet de Bujumbura l’ont finalement convaincu d’explorer une autre solution pour sortir du bourbier où, la Force régionale de l’EAC se montre complaisante vis-à-vis des terroristes du M23. C’est donc sans surprise que, juste après le sommet de Bujumbura, Félix Tshisekedi est allé, en l’espace de 48 heures, à la rencontre de Denis Sassou Nguesso (dimanche à Oyo) et Joao Lourenco (lundi à Luanda), avant de boucler son périple mardi à Cape Town avec Cyril Ramaphosa, profitant de la tenue de Mining Indaba. Que retenir de cette valse diplomatique qui sort de l’ordinaire. Visiter trois chefs d’Etat en deux jours n’a rien d’anodin. Il y a sûrement quelque chose qui se prépare sur l’ace Brazzaville – Luanda – Pretoria. A Kinshasa, il y a un changement de cap qui se met en place pour sortir du piège de l’EAC. C’est le plan B qui se met en place. Et il se concocte entre Sassou, Lourenço et Ramaphosa. Il reste cependant une inconnue : la réaction du bloc compact de l’EAC où Kampala et Kigali jouent en rangs serrés.

La semaine qui s’achève n’a pas été de tout repos pour le Président de la République, Félix Tshisekedi. Tout a commencé le samedi 4 février 2023 avec la tenue à Bujumbura (Burundi) du sommet extraordinaire de l’EAC (Communauté de l’Afrique de l’Est). Juste après son retour à Kinshasa, Félix Tshisekedi a traversé le fleuve Congo dimanche pour des échanges dans la ville d’Oyo, située à 40 km de Brazzaville, avec le président Denis Sassou Nguesso.

Que se sont-ils dits ? Aucune déclaration n’a été faite à la presse à l’issue de leurs entretiens. A Brazzaville, tout comme à Kinshasa, le secret a été bien gardé. Rien n’a donc fuité.

Après un aller-retour de quelques heures de la ville d’Oyo,  lundi 6 février, en route pour la ville de Cape Town, en Afrique du Sud, où se tenait le forum Mining Indaba, le Président Félix Tshisekedi a fait escale à Luanda pour des entretiens en privé  avec son homologue angolais Joao Lourenço. Comme à Oyo, personne ne saura ce qui s’était dit entre les deux chefs d’Etat. On sait néanmoins que Félix Tshisekedi a passé quelques heures à Luanda, en aparté avec Lourenço, avant de prendre la direction de Cape Town.

Mardi, après son intervention à la tribune de Minign Indaba, Félix Tshisekedi a eu des échanges avec le président sud-africain Cyril Ramaphosa.

La direction de communication de la Présidence de la République congolaise n’a pas été trop bavarde sur cette rencontre, se limitant à rappeler que les deux personnalités ont profité de la tenue de Mining Inbaba pour passer les grands sujets de coopération qui lient les deux pays. Puis, plus rien.

Que dire ?

En rapport avec la célérité avec laquelle le président Tshisekedi a entrepris tous ces contacts au plus niveau des Etats, il y a une bonne raison de se poser des questions. Bien plus, que ce périple vienne après la da déroute de Bujumbura, il y a de quoi extrapoler sur ce qui se trame entre Kinshasa, Brazzaville, Luanda et Pretoria.

A première vue, Félix Tshisekedi tente d’envoyer un message clair à ses pairs de l’EAC. Il ne cache plus sa déception sur l’inefficacité du mécanisme mis en place au sein de l’EAC pour contraindre les terroristes du M23 à s’engager résolument dans le processus de paix, selon la feuille de route convenue de commun accord à Luanda.

Quant à la force régionale de l’EAC, Félix Tshisekedi pense avoir été floué. Aussi n’a-t-il pas hésité, samedi à Bujumbura, à sermonner le commandant kenyan de cette force régionale à «ne pas aider » le M23. Il ne faut pas oublier que Félix Tshisekedi faisait cette remarque en présence du président kenyan, William Ruto. Le message est passé. En réalité, Félix Tshisekedi pense déjà tourner le dos à la force régionale de l’EAC. Il est à la recherche d’une solution de rechange.

Mboso à la manœuvre

A Kinshasa, il y a un travail de fond qui se met en place pour préparer l’opinion publique. Et quand la maison est secouée, Félix Tshisekedi peut compter sur un des fervents lieutenants, en l’occurrence Christophe Mboso N’kodia Pwanga, président de l’Assemblée nationale.

Depuis mercredi, Christophe Mboso déblaie déjà le terrain. Il a, à cet effet, convoqué le ministre de la Défense nationale, Gilbert Kabanda, pour en savoir un peu plus sur ce qui se fait réellement sur le front militaire.

Après avoir écouté le ministre de la Défense nationale et l’Etat-major général des FARDC, Mboso a eu des mots justes : «Nous avons tiré toutes les conclusions. Nous, au nom de la représentation nationale, notre peuple tient à ce que notre armée se ressaisisse, prenne un sursaut d’orgueil pour barrer la route au M23 supplétif de l’armée Rwandaise». Et d’ajouter : «Ensuite, nous avons demandé au chef d’État-major des Forces Armées et au ministre de la Défense nationale de prendre les dispositions urgentes que requiert la gravité de la situation dans l’Est du pays en prenant des dispositifs utiles pour que les éléments des Forces Armées envoyés au front ou d’autres barrent définitivement la route au M23 et à l’armée Rwandaise. Par ce dispositif, nous avons dit beaucoup de choses et nous allons y veiller». Avant de balancer ce qui se prépare déjà en haut lieu : « Si dans un délai raisonnable la Force de l’EAC n’arrive pas à nous soutenir contre l’agresseur, nous demanderons au commandant suprême de prendre la décision qui s’impose ».

Quoi dire d’autre ? Kinshasa a déjà choisi son camp. Il tente donc d’écarter la force régionale de l’EAC de son schéma de sortie de crise dans l’Est de la RDC. Et c’est Mboso qui a été chargé de tâter le terrain et de baliser la voie avent la grande annonce.

Détrompez-vous ! Tshisekedi est allé simultanément en consultation chez Sassou, Mboso et Ramaphosa. Au sein de l’EAC, on le sait déjà. Ce n’est pas pour rien que, devant le corps diplomatique réuni jeudi à Kigali, le président Kagame s’en est vivement pris à Félix Tshisekedi qui, selon lui, aurait dénaturé la déclaration finale du dernier sommet de Bujumbura.

A Kinshasa, des lignes bougent. Dans quel sens ? Difficile à dire. On sait néanmoins Brazzaville, Luanda et Pretoria ont été mis au parfum de ce qui se met en place.

Econews

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