Plus de 900.000 déplacés de guerre dans le Nord-Kivu entre mars 2022 et mars 2023

La DTM (Matrice de suivi des déplacements) a identifié une population déplacée de 904.829 individus au 20 mars 2023 et une population retournée estimée à 268.270 individus depuis la crise M23.
La multiplication des incidents sécuritaires en République Démocratique du Congo, notamment dans l’Est du pays, a entraîné des déplacements de la population et des besoins humanitaires subséquents. Pour mieux comprendre l’ampleur des tendances de déplacement et les besoins des populations déplacées, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a mis en œuvre son volet d’évaluation de crise axé sur la crise du M23.
Les évaluations de crise sont mises en œuvre pour collecter des données sur les populations dans des contextes de crise prolongée ayant entraîné des déplacements importants. En tant que sous-composante de la méthodologie de suivi de la mobilité, les évaluations sont menées à la fois sur le terrain et par le biais d’un large réseau d’informateurs clés afin de fournir un aperçu contextuel en capturant les meilleures estimations de la présence de la population affectée par zone – un outil utile pour informer l’action humanitaire et faciliter la prise de décision concernant la priorisation des ressources et des interventions.
Les résultats de ces évaluations indiquent un déplacement de plus de 904.829 personnes représentant 180.402 ménages depuis le début de la crise jusqu’au 20 mars 2023. Un nombre estimé à 268.270 personnes retournées, notamment dans les zones sous contrôle du M23, ont été identifiées. La DTM a observé une augmentation nette globale de 374.639 (71%) personnes déplacées comparativement au précédent rapport d’évaluation de crise (février 2022). Entre février et mars 2023, le nombre de retournés est estimé à 281 265 individus. La majorité des retours sont observés depuis la ville de Kiwanja (15%), le village de Kibirisi, la ville de Rutshuru (10%) et Kitshanga.
Depuis mars 2022, la République démocratique du Congo, en particulier dans sa province orientale du Nord-Kivu, est affectée par des crises politiques, sécuritaires et humanitaires liées aux conflits armés entre les structures militaires nationales de sécurité, notamment les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et le Mouvement du 23 mars (M23). Ceci a conduit à diverses poches de tension dans plusieurs localités, dont certaines ont abouti au contrôle de localités et de territoires, notamment Rutshuru, par le M23.
Après une apparente accalmie à la fin de l’année 2022, la situation sécuritaire est restée volatile tout au long du début de l’année 2023, marquée par une intensification des opérations militaires entre les FARDC et les groupes armés du M23 qui se battent pour étendre leur contrôle sur d’autres territoires, notamment ceux de Masisi et de Lubero. Si la situation sécuritaire s’est améliorée dans certaines zones suite à une décision de «cessez-le-feu» et au retrait apparent du groupe armé M23 de certaines localités, l’impact des violences et la nécessité de se protéger continuent de provoquer de nouveaux déplacements préventifs, ainsi que des déplacements secondaires de populations fuyant les attaques contre diverses positions des FARDC et des combattants d’autodéfense dans les territoires de Masisi et de Rutshuru.
La situation sécuritaire volatile provoque des déplacements dans les zones marquées par la présence de groupes armés vers des communautés relativement calmes où les populations déplacées s’installent à la fois dans des centres collectifs, des sites et des villages d’accueil. Des vagues de retour dans certaines localités résultant d’une amélioration relative de la situation sécuritaire ont été observées dans le cadre de cette évaluation de crise menée par l’OIM du 11 au 20 mars 2023, en particulier dans les localités affectées par la crise.
L’incertitude entourant la résolution pacifique de ce conflit, qui dure depuis mars 2023, continue d’accroître les vulnérabilités des populations déplacées ainsi que des communautés d’accueil et d’alimenter les inquiétudes croissantes concernant une situation humanitaire déjà alarmante, et soulève des préoccupations justifiées concernant la diminution des ressources communautaires et l’insuffisance de réponses humanitaires face à l’ampleur de la crise.

Econews

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