La veille de la fin de sa visite apostolique, le Pape François a donné rendez-vous aux jeunes de la RDC dans le mythique stade des Martyrs de la Pentecôte. Plus de 65.000 jeunes catholiques et catéchistes ont répondu à l’appel du Pape. Les échanges étaient pathétiques, avant que le Souverain pontife n’invite la jeunesse congolaise à dire « non à la corruption». A stade des Martyrs, le Saint-Père a apporté le message de réconfort à une jeunesse qui se sent abandonnée et oubliée.
24 heures avant son départ de Kinshasa, le Pape François a rencontré, jeudi au stade des Martyrs de la Pentecôte, les jeunes Congolais venus de tous les coins de la République Démocratique du Congo. Accueilli dans une ambiance surchauffée jeudi dans le grand stade de Kinshasa, le Pape François a invité les jeunes à être « acteurs » de l’avenir de la RDC, en proie au chômage et à des violences endémiques
Dès les premières heures de la journée, le stade affichait déjà plein. Devant le Saint-Père et les autorités ecclésiales, la jeunesse congolaise n’a pas hésité à faire entendre son désir de sortir des violences qui est un frein à son épanouissement et l’empêche de préparer son avenir.
«Saint-Père, nous, jeunes, nous manquons de paix», ont signifié les jeunes dans leur message de bienvenue adressé au Pape François. Ces jeunes, pleins de désir de vivre une vie épanouie, sont confrontés à une guerre qui déchire le pays depuis des décennies avec «des conséquences néfastes sur notre formation et notre éducation à la vie et à la foi». Cette situation de guerre a créé dans les cœurs désolation et angoisse, les conduisant à croire à «la sorcellerie» et à avoir «recours au fétichisme» pour espérer être protégés.
De «nombreux jeunes vivent dans l’indifférence et dans l’égoïsme, calculent et programment pour leur propre profit», ont-ils expliqué.
Poursuivant leur allocution, les jeunes expliquent au Pape toutes les difficultés auxquelles ils sont confrontés, outre la situation de guerre et notamment le «système de dot» qui «risque parfois de devenir une sorte d’achat de la femme, pour un gain économique de la famille d’origine de celle-ci, discriminées, la drogue».
«Faites porter au monde le souci des jeunes pour la bonne information», ont supplié les jeunes, demandant au Saint-Père d’«insister auprès des dirigeants du monde pour qu’ils s’occupent réellement de la jeunesse».
Au-delà de tous les chemins qui les désorientent tels que «la crise socio-politico-économique, le chômage», les jeunes ont manifesté leur désir d’avoir une «éducation à la vie et à la foi» afin de se mettre au service de leur Église et de leur société.
À cette fin, la jeunesse désire s’engager «dans la vie de la famille, du mariage, de la vie sacerdotale et religieuse» et de lutter pour défendre «les valeurs de la famille». Ils se confient enfin au Saint-Père et à sa prière pour que Dieu leur accorde cette grâce et d’exaucer leur aspiration les plus profondes.
« Non à la corruption ! »
S’il est un terme qui est revenu dans les différents discours prononcés tout au long du séjour du pape en République démocratique du Congo, c’est bien celui de corruption. Du palais de la Nation au stade des Martyrs en passant par l’aérodrome de Ndolo, les appels à combattre ce fléau ont été martelés tant par le souverain pontife que par l’archevêque de Kinshasa. Il a été répété à l’envi tel un leitmotiv infamant devant des dirigeants de toutes les institutions recroquevillés dans leurs petits souliers, dont la plupart passés maîtres en la matière auraient donné cher pour se trouver à mille lieues de là.
Pour le Pape François, la corruption est la base même de l’instabilité chronique que connaissent les pays pauvres, dont la RDC. En demandant aux jeunes de ne pas se laisser manipuler par des individus ou des groupes qui cherchent à les utiliser pour maintenir leur pays dans la spirale de la violence et de l’instabilité afin de continuer à le contrôler sans égard pour personne, le pape a invité la jeunesse à prendre leur destin en main, et à se choisir des dirigeants intègre, même si cette race est d’une rareté alarmante.
En cette année électorale, dire non à la corruption, c’est s’abstenir d’accepter t-shirt, pagne, ou des libations offerts par des candidats pour la plupart sortis du néant, mais qui, mus par un machiavélisme diabolique, ambitionnent d’accéder aux cercles du pouvoir pour leur enrichissement personnel. En monnayant leur vote, ils creuseraient plus profonde la tombe de leurs espoirs.
A la jeunesse et aux catéchistes catholiques réunis dans un stade des martyrs qui a refusé du monde à la veille de la fin de son séjour en terre congolaise, pape François les exhortés à «regarder la paume de leurs mains». Le décryptage de ce message sibyllin en soi n’est pas à la portée de la grande majorité de la jeunesse d’un «pays qui souffre», si l’on croit la philippique de l’archevêque de Kinshasa lors de la messe présidée mardi par le pape à l’aérodrome de Ndolo.
Regarder la paume de ses mains revient à s’interroger si ces mains-là travaillent. Si elles portent les stigmates d’un travail acharné, d’un dur labeur au service de sa communauté. Regarder la paume de ses mains, et non les tourner continuellement vers le ciel en prières interminables; vers un ciel où trône un Dieu qui enseigne pourtant que «qui ne travaille pas ne mange pas non plus». C’est aussi un appel à mettre en pratique le fameux «aide-toi, le ciel t’aidera».
Econews
Prière, communauté, honnêteté, pardon et service : les cinq «ingrédients pour l’avenir »
Il y a vingt ans, Jorge Mario Bergoglio, évêque de Buenos Aires (Argentine) et actuel Pape François, a écrit une prière qui est devenue très populaire en Argentine. Jeudi à Kinshasa, il l’a répétée devant les jeunes réunis au stade des Martyrs.
C’est une prière très simple qui reflète, en fait, le caractère et le style du Saint-Père. Une prière «à portée de la main». Une prière sur les doigts de la main. Une prière universelle complète et riche.
- Le pouce est le doigt le plus proche de vous. Donc commencez par prier pour ceux qui vous sont les plus proches. Ce sont les plus susceptibles de revenir à vos mémoires. Prier pour les gens qui nous sont très chers est un doux devoir. Restons quelques instants en silence pour penser aux membres de nos familles, nos amis, nos proches, nos collègues et les personnes connues ou inconnues que nous avons croisées en ce jour.
- Ensuite, l’index. Priez pour ceux qui enseignent, ceux qui s’occupent de l’éducation et des soins médicaux : pour les enseignants, les professeurs, les médecins et les prêtres, les catéchistes. Ils ont besoin de soutien et de sagesse afin qu’ils puissent montrer le droit chemin aux autres. Ne les oubliez pas dans vos prières. Arrêtons-nous un moment pour méditer sur l’importance de l’enseignement de la petite enfance jusqu’à l’âge adulte, et sur l’intérêt de soins de santé de qualité prodigués respectivement par un corps professoral et médical motivés.
- Le doigt qui suit est le majeur, le plus long. Il nous rappelle nos gouvernants. Priez pour le Président, pour les députés, pour les entrepreneurs et pour les administrateurs. Ce sont eux qui dirigent le destin de notre pays et sont chargés de guider l’opinion publique. Ils ont besoin de l’aide de Dieu. Attardons-nous un peu sur tous les types de dirigeants, à tous les niveaux que ce soit, la politique, avec les pouvoirs législatif et exécutif, la magistrature avec le pouvoir judiciaire, l’économie avec les chefs d’entreprise, la presse, les dignitaires spirituels.
- Le quatrième doigt est l’annulaire. Bien que cela puisse surprendre la plupart des gens, c’est notre doigt le plus faible, et tout professeur de piano peut le confirmer. Vous devez vous rappeler de prier pour les faibles, pour ceux qui ont beaucoup de problèmes à résoudre ou qui sont éprouvés par la maladie. Ils ont besoin de vos prières jour et nuit. Il n’y aura jamais trop de prières pour ces personnes. Nous sommes aussi invités à prier pour les mariages. A présent, prions pour les personnes en position de faiblesse : les malades, les personnes handicapées, les personnes mutilées, abandonnées, rejetées, exclues, humiliées, endeuillées, les marginaux, les victimes en tout genre, les sinistrés, les accidentés. Ceux et celles qui doivent se reconstruire après un traumatisme. Etant donné que l’annulaire est le doigt de l’alliance, demandons également au Seigneur de protéger les couples unis par le mariage.
- Et enfin, il y a notre auriculaire, le plus petit de tous les doigts, aussi petit que nous devons nous tenir devant Dieu et devant les autres. Comme le dit la Bible, les derniers seront les premiers. Le petit doigt est là pour vous rappeler que vous devez prier pour vous-même. Ce n’est que lorsque vous avez prié pour les quatre autres groupes, que vous pouvez le faire pour vous en toute confiance. Enfin, même si Dieu votre Père sait bien ce qu’il vous faut, avant que vous ne le lui demandiez (Mt 6,8), vous pouvez maintenant lui demander dans votre for intérieur de subvenir à vos besoins spirituels et matériels, et si c’est conforme à sa volonté et à son plan d’amour sur vous, il vous l’accordera dans son infinie miséricorde.