A l’issue de son voyage de six jours en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud, François a célébré une messe dominicale devant plusieurs milliers de personnes dans la capitale du plus jeune Etat du monde.
Pour son dernier rendez-vous au Soudan du Sud dimanche 5 février, le Pape François a célébré la messe au mausolée John Garang en présence de 100.000 fidèles. Dans son homélie, il les a invités à être le sel de la terre et la lumière du monde, une exhortation à s’engager en faveur de la paix et de la réconciliation dans un pays encore marqué par les divisions et des années de guerre civile.
François a voulu venir au Soudan du Sud comme Saint Paul s’est rendu dans la communauté de Corinthe pour proclamer Jésus, pour confirmer les Sud-Soudanais en Lui, «car l’annonce du Christ est une espérance». «Jésus vous connait et vous aime», affirme le Pape. «Si nous demeurons en Lui (…) toute croix se transformera en résurrection, toute tristesse en espérance, toute lamentation en danse».
Dans son homélie, le Saint-Père a fait sienne les paroles de Jésus : «Vous êtes le sel de la terre (…). Vous êtes la lumière du monde». Le sel, tout d’abord, est «symbole de la sagesse» explique-t-il. Ainsi, l’un des principaux enseignements que Jésus donne avec les Béatitudes qui «révolutionnent les critères du monde et de la manière ordinaire de penser», est que «pour être bienheureux, […] nous ne devons pas chercher à être forts, riches et puissants, mais humbles, doux et miséricordieux; ne faire de mal à personne, mais être des artisans de paix pour tous». Le Pape invite alors à ne pas seulement donner une bonne saveur à notre vie, «mais aussi à la société, au pays où nous vivons».
Conserver l’alliance avec Dieu
Le sel, à l’époque du Christ, est un moyen de conserver les aliments. Mais c’est aussi un moyen de préserver «un bien essentiel qui devait être conservé avant tout autre: l’alliance avec Dieu». Le sel permet de garder le lien avec Dieu, «parce qu’Il nous est fidèle, son alliance avec nous est incorruptible, inviolable et durable». Le disciple de Jésus, sel de la terre, «est témoin de l’alliance qu’Il a réalisée et que nous célébrons à chaque messe : une alliance nouvelle, éternelle, immuable», souligne François.
Il est nécessaire de témoigner de cette alliance «dans la joie, avec gratitude, en montrant que nous sommes des personnes capables de créer des liens d’amitié, de vivre la fraternité, de construire de bonnes relations humaines, pour empêcher que règnent la corruption du mal, la maladie des divisions, l’infamie des affaires illégales, la plaie de l’injustice».
Ne pas se décourager
Face à cette tâche, «la tentation de vous sentir incapables vous assaille» concède le Pape, mais alors, «essayez de regarder le sel et ses minuscules grains» encourage-t-il. Et d’exhorter: «Nous chrétiens, bien qu’étant fragiles et petits, même lorsque nos forces nous semblent peu de chose face à la grandeur des problèmes et à la furie aveugle de la violence, nous pouvons offrir une contribution décisive pour changer l’histoire».
François insiste : «nous ne pouvons pas reculer, parce que sans ce peu, sans notre peu, tout perd son goût». Et d’appeler les Sud-Soudanais : «déposons les armes de la haine et de la vengeance pour embrasser la prière et la charité; surmontons ces antipathies et aversions qui, au fil du temps, sont devenues chroniques et qui risquent d’opposer les tribus et les ethnies; apprenons à mettre sur les blessures le sel du pardon, qui brûle mais guérit. Et, même si le cœur saigne à cause des torts reçus, renonçons une fois pour toutes à répondre au mal par le mal, et nous serons bien intérieurement; accueillons-nous et aimons-nous avec sincérité et générosité, comme le fait Dieu avec nous».
Un appel à s’engager et montrer l’exemple
Après cette exhortation à la paix et à l’engagement pour y parvenir, François poursuit son interpellation envers les Sud-Soudanais, «lumière du monde», ce qui veut dire qu’en «accueillant la lumière du Christ, la lumière qu’est le Christ, nous devenons lumineux, nous rayonnons de la lumière de Dieu». De la même manière qu’à l’époque de Jésus les lumières étaient allumées et posées en hauteur dans les maisons ou dans les villages situées sur le sommet des collines, «nous sommes appelés à resplendir comme une ville située en altitude, comme un lampadaire dont la flamme ne doit pas être éteinte». «Nous devons briller, explique François, éclairer par notre vie et par nos œuvres les villes, les villages et les lieux que nous habitons, les personnes que nous fréquentons, les activités que nous menons».
Grâce à cet engagement au quotidien, en vivant comme des enfants et des frères sur la terre, «les gens découvriront qu’ils ont un Père dans les cieux. Il nous est donc demandé de brûler d’amour : qu’il n’arrive pas que notre lumière s’éteigne, que l’oxygène de la charité disparaisse de notre vie, que les œuvres du mal enlèvent de l’air pur à notre témoignage. Cette terre, très belle et meurtrie, a besoin de la lumière que chacun de vous possède».
Sur ce chemin d’engagement en faveur du bien et de la paix, le Pape l’affirme : «Je suis avec vous».
Avec Vaticannews