La mort à Kinshasa d’un expert belge, membre de la Mission restreinte d’observation de l’Union européenne aux élections générales du 20 décembre 2023k, est toujours entouré d’un mystère. Si, selon l’ACP, citant des sources diplomatiques, les premiers indices renvoient à un suicide, cette thèse passe difficilement dans l’opinion publique belge.
Un expert informatique belge, identifié sous le nom de Laurent Delvaux et déployé par l’Union européenne (UE) dans le cadre des élections combinées du 20 décembre, s’est « suicidé » en se jetant la nuit de dimanche du 12ème étage de son hôtel, a-t-on appris des sources concordantes.
«C’est vers 3h00 (4h00 GMT) que ce monsieur s’est jeté dans le vide après une conversation téléphonique. Il est mort sur le coup », a témoigné auprès de l’ACP, un occupant de l’hôtel Hilton de Kinshasa qui était dans le bar en ce moment.
«L’homme décédé était un expert informaticien de nationalité belge qui était retenu dans le cadre de la mission d’observation des élections de l’UE en RDC », a déclaré à l’ACP un diplomate européen, refusant d’être cité.
La source a également refusé de donner le nom de cet expert, estimant «qu’il revient à la famille ou à la mission de donner cette importante information ».
Réaction mitigée de Bruxelles
A Bruxelles, l’UE s’est dite informée de ce «tragique incident», selon une porte-parole interrogée par l’AFP. «Nos pensées et notre sympathie vont à sa famille, ses amis et ses collègues », a-t-elle ajouté.
«Tant que l’enquête est en cours à Kinshasa, nous ne pouvons pas faire de commentaires supplémentaires », a encore indiqué cette porte-parole.
Egalement sollicité par l’AFP, le ministère belge des Affaires étrangères a lui aussi indiqué avoir été informé du décès à Kinshasa d’un de ses ressortissants qui, selon un porte-parole, se trouvait en RDC «pour une mission de courte durée».
A Kinshasa, on apprend que la justice congolaise a ouvert dimanche une enquête pour déterminer s’il s’agit d’un crime ou d’un suicide.
«La deuxième hypothèse étant privilégiée » ont indiqué à l’ACP au moins deux sources diplomatiques européenne à Kinshasa.
«Avant de se jeter dans le vide, le Belge avait laissé un message vocal à sa fille», a indiqué à l’ACP, une source proche de l’enquête.
Les interrogations de la CASE
Le décès, dans les conditions non encore élucidées de cet expert belge, continue à alimenter la chronique.
Depuis son siège de Chicago, aux Etats-Unis, la CASE pense que « l’assassinat à Kinshasa de l’expert Laurent Delvaux, membre de la Mission d’observation de l’Union Européenne, est la preuve la plus saignante du terrorisme électoral en cours en République Démocratique du Congo ».
Dans le communiqué signé par son président, Simaro Ngongo Mbayo, la CASE note : « ` Sujet de nationalité belge, l’expert informatique avait réussi à collecter des données compromettantes sur les résultats de l’élection présidentielle du 20 décembre 2023. D’après nos sources, l’expert était en train de s’apprêter à retourner en Europe pour des analyses approfondies sur les détails des résultats effectifs des opérations électorales chaotiques en RDC ».
La CASE attend de l’UE une réaction pour faire toute la lumière sur ce décès : «La CASE, qui présente ses condoléances aux pays membres de l’Union européenne suite à l’assassinat lâche de cet éminent témoin des opérations électorales, invite l’Union européenne à exiger des explications au gouvernement congolais et à sanctionner Félix Tshisekedi et Denis Kadima pour cette cruauté intolérable».
L’Union européenne a déployé à Kinshasa une mission réduite de huit observateurs pour les élections générales qui ont été organisées cette semaine en République démocratique du Congo.
Elle avait prévu au départ une mission plus vaste d’une cinquantaine d’observateurs, qui devaient se déployer sur tout le territoire, mais a renoncé après que les autorités congolaises, selon plusieurs sources, ont refusé qu’elle utilise ses équipements satellitaires.
L’expert informatique qui s’est donné la mort à Kinshasa faisait partie d’une équipe de soutien à la mission des huit observateurs.
L’UE avait précisé le 7 décembre que cette mission réduite effectuerait «une analyse technique du processus électoral et remettrait un rapport ».
Prévues le 20 décembre, les élections générales (présidentielle, législatives, provinciales et locales) ont été prolongées, officiellement d’une journée, voire plus dans certaines zones reculées du vaste pays d’Afrique centrale, en raison de nombreux problèmes logistiques.
L’UE a refusé d’accréditer une mission d’observation des élections en RDC à cause des restrictions imposées par les autorités pour le déploiement de son matériel de communication, selon plusieurs sources contactées.
Depuis, la mission avait réduit sa présence dans le pays par le déploiement de quelques experts à Kinshasa «pour des raisons de sécurité ».
La CENI publie progressivement les résultats électoraux de la présidentielle, malgré quelques ratés logistiques et quelques cas des violences qui ne resteront pas «impunis», a confirmé la Centrale électorale.