Les actions de China Molybdenum (CMOC) ont bondi de 10 % à Shanghai et de 12 % à Hong Kong après que le géant minier a conclu un accord avec la Gécamines qui lui permettra de reprendre les exportations de cuivre et de cobalt de la mine Tenke Fungurume Mining (TFM), l’une des plus grandes sources de cobalt au monde.
Le double conflit autour de Tenke Fungurume Mining et le contrat Sicomine sont mis à rude épreuve par les relations entre Kinshasa et la Chine. Aujourd’hui, les choses semblent sur le point de changer.
Peu après l’annonce de l’accord, le magazine Jeune Afrique a annoncé que le Président de la RDC, Félix Tshisekedi, se rendra à Pékin pour la première fois le 26 mai.
La CMOC était dans une impasse depuis des mois avec la société minière publique de la RDC, la Gécamines, en raison d’allégations selon lesquelles elle aurait sous-estimé les réserves de Tenke Fungurume.
La Gécamines a exigé 7,6 milliards de dollars US de redevances et d’intérêts. Le différend a empêché la CMOC d’exporter sa production minière, ce qui a entraîné la constitution d’un stock de cobalt et de cuivre d’une valeur estimée à 1,5 milliard de dollars US dans la mine. Maintenant que les exportations vont probablement reprendre, l’impact pourrait être mondial :
Les retombées de l’accord CMOC sont à trois niveaux.
Concernant le cobalt, l’accord est susceptible de faire baisser les prix du cobalt à court terme. Tenke Fungurume Mining représente environ 15 % de la production mondiale de cobalt. Les prix du cobalt ont chuté de 60 % au cours de l’année écoulée en raison de la faible demande de véhicules électriques en Chine et de l’offre supplémentaire provenant d’autres mines. Toutefois, la demande des consommateurs chinois ayant apparemment repris plus rapidement que prévu, la situation pourrait changer.
Quant aux relations Chine – RDC, la prochaine visite de Félix Tshisekedi en Chine pourrait être le signe d’un approfondissement des relations, qui incluent désormais des liens en matière de défense. La RDC a acquis des drones de fabrication chinoise pour les utiliser dans sa lutte contre le mouvement rebelle M23 à sa frontière orientale. Selon certaines informations, l’ambassade de Chine à Kinshasa s’est engagée à verser 27 millions de dollars US pour contribuer à la modernisation de l’armée de la RDC.
En termes de géopolitique, l’accord constitue un revers majeur pour les efforts déployés par les États-Unis pour desserrer l’emprise de la Chine sur le secteur du cobalt, qui revêt une importance stratégique. Un protocole d’accord entre les États-Unis, la RDC et la Zambie sur la relocalisation du raffinage du cobalt est pour l’instant au point mort. La Chine devrait contrôler la moitié de la production mondiale de cobalt dans deux ans et détient actuellement 77 % de la capacité de raffinage du cobalt, soit plus du double de son niveau d’il y a cinq ans.
Pourquoi c’est important. Le différend concernant le CMOC a constitué un obstacle majeur aux relations de la Chine avec la RDC et à sa domination du marché mondial du cobalt. L’accord récemment annoncé pourrait modifier ces deux dynamiques, mais tout dépendra des clauses de l’accord.
Avec projetafriquechine.com