Mines : Glencore perd son statut de premier producteur mondial de cobalt au profit du Chinois CMOC

Prédit par plusieurs spécialistes du marché depuis plusieurs mois, le changement de hiérarchie sur le marché du cobalt est déjà effectif. Glencore n’est plus le leader de la production mondiale, et les nouveaux volumes de son concurrent chinois CMOC entrainent une offre excédentaire.

Le Chinois China Molybdenum (CMOC) est devenu le premier producteur mondial de cobalt devant le Suisse Glencore. CMOC qui opère la mine de Tenke Fungurume Mining (TFM) en République Démocratique du Congo a accru sa production de 170% lui permettant de passer devant le suisse Glencore qui opère les mines de Mutanda Mining et Kamoto Copper Company (KCC).

La compagnie minière Glencore, active en RDC sur les mines Katanga et Mutanda, n’est donc plus le premier producteur mondial de cobalt. Alors que certains analystes et spécialistes du secteur s’attendaient à ce qu’elle perde ce statut en 2024 au profit de son principal concurrent, le chinois CMOC, cela est arrivé plus tôt.

En effet, le groupe chinois qui a inauguré en 2023 sa mine de cuivre-cobalt Kisanfu d’une capacité de 30.000 tonnes, a rapporté le 4 janvier 2024 une hausse de 174 % de sa production de cobalt. Selon les détails du document publié par la compagnie sur son site et consulté par notre rédaction, ses volumes de cobalt ont totalisé 55.526 tonnes en 2023, contre 20.286 en 2022.

Le rendement de la nouvelle mine a dépassé les prévisions pour l’exercice alors que la compagnie a également résolu le litige qui l’opposait à Gécamines sur son autre actif, Tenke Fungurume, où elle a mis en œuvre un projet pour augmenter la production de cobalt à 17.000 tonnes.

Si Glencore n’a pas encore publié ses résultats de production pour l’année 2023, il faut noter que les 55 526 tonnes de cobalt livrées par les opérations de CMOC dépassent déjà largement les 42.000 tonnes prévues par la compagnie suisse. Cette dernière a produit 20.400 tonnes de cobalt (+7 %) au premier semestre 2023, notant que sa mine Mutanda a sousperformé ne livrant que 5800 tonnes, situation compensée par l’amélioration des récupérations de cobalt à Katanga (14600 tonnes). Fin novembre 2023 encore, les nouvelles du côté de Mutanda n’étaient toujours pas bonnes, l’agence Reuters indiquant que la chute des teneurs en minerai des gisements de la mine devrait conduire à une baisse de la production allant jusqu’à 15 % par an.

Impact sur le marché

Selon Bloomberg, le marché mondial du cobalt était déjà confronté à l’un de ses plus importants excédents au début de 2023, et la production supplémentaire de CMOC a contribué à une baisse de 30 % des prix au cours de l’année. Les analystes du cabinet Macquarie prévoient que l’excédent devrait totaliser 17.000 tonnes en 2023 et augmenter en 2024 à 18.000 tonnes.

Au-delà de l’augmentation de l’offre provenant du groupe chinois CMOC, la situation de surplus s’explique aussi par la réduction de l’utilisation des batteries électriques contenant du cobalt (cathodes en nickel, cobalt et manganèse, au profit d’alternatives jugées plus abordables lithium, fer, phosphate).

Toutefois, il faut noter que les prévisions sur le long terme restent solides pour certains analystes et spécialistes du marché. Dans un rapport publié en mai 2023, le Cobalt Institute (qui prévoit un excédent sur le marché jusqu’en 2025) indiquait que la demande mondiale de cobalt devrait augmenter de 108 % pour atteindre près de 388.000 tonnes d’ici 2030, soit plus du double de 2022 (187.000 tonnes). D’ici 2030, la part des véhicules électriques ira jusqu’à deux tiers de la demande mondiale, alors que celui de l’électronique portable (30 % en 2022) devrait diminuer de moitié.

Avec Agence Ecofin

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