Député national, élu de Kindu (province de Maniema), lancien Premier ministre Matata Ponyo Mapon se réclame de lopposition et compte y rester. Sil a soutenu Moïse Katumbi à la présidentielle de décembre 2023, Matata confirme ne plus être dans le giron du leader dEnsemble pour la République. «Cétait une alliance qui était ponctuelle parce quelle était stratégique», a déclaré lélu de Kindu, invité du journal Afrique de TV5 Monde. Par la même occasion, il sest félicité de lélection de Vital Kamerhe, «un professionnel de la politique congolaise», au perchoir de lAssemblée nationale. Quant aux évènements tragiques du 19 mai 2024 que Kinshasa assimile à une «tentative de coup dEtat», Matata se montre plutôt dubitatif. «Il ne sagit pas, en tout cas, dun vrai coup dÉtat», estime lex-Premier ministre. Interview.
Vous avez été un temps candidat à la précédente présidentielle. Avant de vous désister en faveur de Moïse Katumbi, une réaction pour commencer sur lélection de Vital Kamerhe à la présidence de lAssemblée nationale.
Nous ne pouvons que féliciter Vital Kamerhe pour son élection. Nous venons de lentendre séance tenante. Cest un professionnel de la politique congolaise. Nous ne pouvons que le féliciter.
Élection qui tombe donc trois jours après ce que les autorités appellent une tentative de coup dÉtat. Déjà, est-ce que vous êtes daccord avec le verbatim ?
Il est très difficile de pouvoir affirmer une version qui suscite beaucoup de doutes parce que, vous le savez, un coup dÉtat ne vise pas un ancien ministre de lEconomie, parce quil ne faut pas oublier que Vital nétait plus ministre de lEconomie.
La question qui se pose, cest pourquoi les insurgés nont pas attaqué le Président de la République lui-même ?
Justement, toute la problématique est là parce quun coup dÉtat ne vise pas un ex-ministre de lEconomie parce que Vital Kamerhe est élu député. Il avait choisi de ne plus siéger au gouvernement.
Mais parce quil était pressenti président de lAssemblée nationale.
Bon, mais les coups dÉtat ne sadressent pas à un président de lAssemblée nationale, Madame. Ça ne sappelle pas un coup dÉtat.
Cest ce quil dit, en tout cas.
Bon, cest ce que jai dit. Moi, je pense que pour être professionnel, il faut attendre les éléments denquête, lenquête qui a été initiée pour pouvoir plus ou moins avoir la confirmation sil sagissait effectivement dun coup dÉtat. Mais les éléments préliminaires à notre possession indiquent quil ne sagit pas, en tout cas, dun vrai coup dÉtat. Parce quen fait, les coups dÉtat ne sadressent pas à un ex-ministre de lEconomie. Un coup dÉtat ne sadresse pas à un député national. Un coup dÉtat sadresse… enfin, contre un Président en fonction. Mais dans tous les cas, je crois quil sagissait dun dimanche, un jour non ouvrable et un jour où on ne pouvait pas avoir un Président en fonction, en train de travailler à 3h, 4h du matin.
Alors, lautre question qui se pose, cest évidemment la sécurité. Si un endroit qui est censé être le plus sécurisé, comme le Palais de la Nation, est attaqué, personne nest en sécurité en RDC. Encore moins dans lEst
Je pense que la question de la sécurité se pose effectivement avec beaucoup dacuité. Parce queffectivement, si le Palais de la Nation, le Palais présidentiel, le lieu de travail dun Chef de lÉtat peut être assiégé par des un civiques de cette manière-là, il va sans dire que la sécurité de ceux qui ne sont pas à un niveau élevé, certaines personnes comme opposants pose problème. Et on réalise que la sécurité pose effectivement beaucoup de problèmes.
Cinq mois après la présidentielle, on est toujours dans lattente dun gouvernement en RDC. Vous avez été consulté par le pouvoir ?
Le lieu nest pas indiqué pour savoir si on a été consulté ou si on ne la pas été. Je crois que ce nest pas vraiment la question du jour.
Vous accepteriez si on vous proposait un ministère ?
Non !
Vous avez soutenu Moïse Katumbi lors de la présidentielle. Est-ce que vous êtes toujours un très proche de Moïse Katumbi ?
Cétait une alliance qui était ponctuelle parce quelle était stratégique. Comme vous le savez, la question fondamentale, cétait de pouvoir unifier lopposition pour pouvoir donner à celle-ci la chance de vaincre les élections. Malheureusement, toute lopposition na pas été unie. Mais tout au moins, Moïse Katumbi a eu lavantage de bénéficier, notamment de mon appui parce que je constitue quand même, dans lopposition, un poids lourd. Mais tout le monde sait aussi que ces élections nont pas été transparentes, nont pas été équitables. Et donc, si elles étaient équitables et si elles étaient transparentes, certainement les résultats nauraient pas été ceux qui ont été publiés.
Propos tirés de TV5 Monde et retranscris par Tighana M.