Lutte contre la corruption et patriotisme : la jeunesse du Lualaba se range derrière l’IGF

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L’Inspection Générale des Finances (IGF) intensifie sa campagne de sensibilisation contre la corruption en République démocratique du Congo (RDC), et cette fois, elle mise sur la jeunesse. Lors d’une conférence-débat organisée à Kolwezi, le chef de service de l’IGF, Jules Alingete, a appelé les jeunes du Lualaba à devenir des «sentinelles» de l’intégrité, soulignant leur rôle clé dans la dénonciation des détournements et la promotion du patriotisme. Un discours ancré dans l’urgence de mobiliser toute la société pour enrayer un fléau qui ronge le développement du pays.

Devant une salle comble de jeunes leaders, étudiants et acteurs associatifs, Jules Alingete a martelé un message simple : «Sans vous, nous ne pouvons rien».

Rappelant que «la plupart des affaires marquantes traitées par l’IGF ont été déclenchées par des dénonciations citoyennes», il a exhorté l’assistance à briser la loi du silence. «Aujourd’hui, un compatriote courageux qui signale une irrégularité peut déclencher une enquête majeure. La corruption ne résistera pas à cette vague de transparence», a-t-il affirmé, saluant l’audace de ceux qui osent parler.

Interrogé sur les risques encourus par les lanceurs d’alerte, Jules Alingete a détaillé les dispositifs…

sécurisés mis en place : signalement anonyme par lettre (sans mention de l’identité) ; plateforme en ligne via le site officiel de l’IGF : https://igf.gouv.cd ; adresse e-mail dédiée pour envoyer preuves et témoignages.

«Personne ne doit avoir peur. L’anonymat est garanti, et chaque signalement est traité avec la plus grande confidentialité», a-t-il assuré, tout en reconnaissant que la culture de la dénonciation reste à ancrer dans les mentalités.

2025, ANNEE DE LA JEUNESSE ET DU PATRIOTISME

L’IGF a déclaré 2025 «année de la sensibilisation nationale de la jeunesse à la lutte contre la corruption et d’appel au patriotisme ». Une initiative qui vise à impliquer les 18-35 ans, représentant près de 70 % de la population congolaise, dans la défense des deniers publics. «Vous êtes l’avenir de ce pays. Si vous tolérez la corruption aujourd’hui, vous hériterez d’un système pourri demain», a lancé Jules Alingete, suscitant des applaudissements nourris.

Pour les participants, cet appel résonne comme un défi. «Nous sommes prêts à jouer notre rôle, mais il faut que l’État nous protège vraiment», confie Trésor Kabasele, étudiant en droit. D’autres, comme la militante Gloria Mwamba, réclament des formations pratiques : «Savoir identifier les détournements, c’est bien. Mais comment collecter des preuves solides ? ».

Si l’IGF peut se targuer de plusieurs dossiers emblématiques résolus grâce à des citoyens – comme l’affaire du détournement de fonds dans un projet agricole au Kasaï en 2023 –, les défis restent immenses. La RDC occupe toujours une place peu enviable dans les classements internationaux sur la perception de la corruption, selon Transparency International.

Pourtant, Alingete reste optimiste : «Les jeunes du Lualaba montrent la voie. Leur engagement prouve que la nouvelle génération refuse de se résigner ». La province, cœur minier du pays, est un terrain symbolique : ses richesses attirent les convoitises, mais aussi les pratiques frauduleuses.

AU-DELA DES DISCOURS, L’EXIGENCE D’ACTIONS

Si la conférence a galvanisé les participants, certains observateurs appellent à la prudence. «L’IGF doit montrer que les dénonciations aboutissent à des sanctions concrètes, pas juste à des rapports enterrés », souligne un expert en gouvernance contacté par notre rédaction. D’autres pointent le besoin de protéger les dénonciateurs au-delà de l’anonymat initial, notamment contre les représailles sociales ou professionnelles.

Reste que la mobilisation de Kolwezi illustre une dynamique naissante. Alors que le gouvernement mise sur des slogans comme «Zéro tolérance », la jeunesse, elle, semble prête à passer à l’acte. Reste à savoir si les institutions suivront.

L’IGF annonce une tournée nationale dans les universités et les lycées pour 2025, avec des ateliers pratiques sur la détection de la corruption. Les premiers résultats des signalements anonymes devraient être rendus publics d’ici fin 2024.

Benny L.

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