L’arrestation, suivie de la séquestration de l’opposant Seth Kikuni le lundi 2 septembre n’aura finalement pas étonné grand monde, tant elle est venue s’ajouter à une longue série qui ne semble pas loin de s’arrêter. Au contraire. Il ne sera plus désormais autorisé d’évoquer une quelconque liberté d’expression dans un environnement politique qui prend, inexorablement, les allures d’un régime totalitaire où sera privilégiée la pensée unique.

Pour avoir dénoncé les brimades, enlèvements et tueries au quotidien dans l’ex-Katanga sous le regard complaisant des autorités, sans qu’elles soient suivies d’enquêtes et sanctions selon la loi, l’ancien candidat malheureux à deux présidentielles successives paie le prix de sa franchise tendant, selon lui, à réveiller une population katangaise dont le seul péché reste son hospitalité à l’égard des masses arrogantes de compatriotes venus de tous les horizons à la recherche d’une survie que ne lui assurent pas des autorités qui se réclament pourtant de la même appartenance ancestrale.

Selon lui, le musèlement de toute voix contestataire dans cette partie du pays, le massacre de Kilwa, suivi de la tuerie des mineurs artisanaux de Luilu ou la barbarie des miliciens de l’UDPS à la frontière avec la Zambie à Kasumbalesa ne devraient pas rester impunis. Mais devant la cécité volontaire entretenue par les autorités provinciales et nationales soucieuses de conserver leurs avantages et privilèges découlant de leur proximité avec le sommet du pouvoir, l’auto-prise en charge des populations du Katanga reste la seule possibilité pour celles-ci de se ménager ce qui leur resterait encore de dignité.

Il n’empêche que le cas de Seth Kikuni vient allonger la liste des prisonniers politiques dont l’emblématique Jean-Marc Kabund et autres Mike Mukebayi Nkoso ou tout récemment, le kabiliste Papy Tamba. Des interpellations qui somme toutes rentrent dans la concrétisation de la déclaration du chef de l’Etat à Mbuji-Mayi en juin 2023 et selon laquelle il se montrerait impitoyable envers ceux qui se mettraient en travers de sa vision-programme, quoi qu’en disent les organisations de défense des droits humains.

A l’ère des réseaux sociaux où rien ou presque ne reste secret, des listes de futures victimes circulent, contribuant à entretenir une psychose généralisée propice à la mise sous le boisseau de la misère ambiante. Même les plus audacieux des opposants sont dorénavant prévenus. Quitte à eux de se mettre au pas ou de subir les affres impitoyables du pouvoir.

ECONEWS

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