Le prof Morgan Mbeki propose des ajustements au PDL-145T pour lutter contre la pauvreté en milieu rural

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S’il reconnaît que le Programme de développement local de 145 territoires, communément appelé PDL-145T, est à la fois «ambitieux et élogieux», le prof Morgan Mbeki, Congolais prestant aux Etats-Unis et dans certaines universités congolaises, propose un recalibrage de ce programme pour en faire un outil efficace de lutte contre la pauvreté. 

Dans une récente rencontre avec la presse à la salle des réunions de léglise Sainte Anne, dans la commune de la Gombe, à Kinshasa, le professeur Morgan Mbeki, un Congolais travaillant aux États-Unis et dans certaines universités congolaises, a partagé ses réflexions sur le Programme de développement locale de 145 territoires, connu sous le nom de PDL-145T.

Alors que le professeur Mbeki a salué lambition et les éloges associés au PDL-145T, il a également suggéré un recalibrage du programme pour en faire un outil plus efficace dans la lutte contre la pauvreté. Selon ses propos, au-delà de soutenir les agriculteurs par la distribution dintrants, le PDL-145T devrait également inclure le concept de «micro-crédit» dans lune de ses composantes. Cette intégration viserait à encourager les habitants de ces territoires à mutualiser leurs efforts par le biais de lassociation autour de projets de développement.

Le professeur Mbeki est convaincu que cette approche de l«associativité» permettrait au PDL-145T de jouer un rôle significatif dans la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté. Il a souligné que ces ajustements pourraient aboutir à des résultats plus tangibles et durables dans la réduction de la pauvreté et lamélioration des conditions de vie des populations rurales.

«Au-delà de tout ça, il faudrait quon aille plus loin en créant des associativités. Cest-à-dire, les paysans qui sont dans des villages, les agriculteurs, les éleveurs, quon leur donne loccasion de créer des associations qui vont faire en sorte quils mettent de fonds ensemble pour quils deviennent indépendants tout en ayant la capacité de sponsoriser dautres communautés », note-t-il.

Il va plus loin : «Les associativités, cest quelque chose qui nexiste pas dans ce programme (…). Japplaudis, par exemple, la construction des écoles, des centres de santé, de routes, cest déjà bien mais on risque de se retrouver devant les éléphants blancs comme par exemple on a vu en Côte dIvoire et au Nigéria. Ils ont adopté un modèle de développement de Lewis mais par après, il ny avait rien comme investissement. On peut créer des routes dans des villages, des écoles, des centres de santé, mais il faut que ces gens-là soient capables de profiter et contribuer pour quils deviennent beaucoup plus indépendants et sortent de la pauvreté».

Les idées innovantes présentées par le professeur Mbeki soulignent limportance de repenser les approches traditionnelles de développement pour répondre efficacement aux défis actuels. Ses propositions ont suscité lintérêt et la réflexion parmi les membres de la presse présents lors de cet échange.

Il reste à voir si ces ajustements seront pris en compte dans la mise en œuvre future du Programme de développement locale de 145 territoires et sils pourraient contribuer de manière significative à la lutte contre la pauvreté dans les communautés rurales congolaises.

PDL-145T EN BREF

Le Programme de Développement Local de 145 territoires (PDL-145T) est une initiative du gouvernement de la RDC visant à améliorer le cadre de vie des populations rurales. Ce projet dun montant total denviron 1,6 milliard USD, en phase initiale, vise à autonomiser les 145 territoires, répartis dans les 26 provinces que compte le pays et projette à terme de sortir 25 millions de Congolais de la pauvreté.

Adossé au Plan national stratégique de développement (PNSD) 2019-2023, au Programme dactions du gouvernement (PAG) 2021-2023 et au Programme présidentiel accéléré de lutte contre la pauvreté et les inégalités (PPALCPI), le financement du programme était réparti sur trois exercices budgétaires à hauteur de : 300 millions USD pour 2021; 700 millions USD pour 2022; et 660,1 millions USD pour 2023 pour un coût global dun milliard six cent soixante millions cent et un mille trois cent douze dollars américains.

Il est exécuté par trois agences pour sa mise en œuvre: le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD); le Bureau central de coordination (BCECO) et la Cellule dexécution des financements en faveur des états fragiles (CFEF).

Le PDL-145T, est organisé autour de quatre composantes, à savoir :

Composante 1 : Améliorer laccès des populations des territoires ruraux aux infrastructures et services socioéconomiques de base. Cette composante vise à mettre en place des infrastructures socioéconomiques de base (routes de desserte agricole, microcentrales photovoltaïques, lampadaires solaires, forages et mini réseaux, écoles, centres de santé, marchés, bâtiments administratifs des secteurs et des territoires et logements du staff dirigeant du territoire) dans le but de désenclaver les territoires et de contribuer à lamélioration des conditions de vie et déducation des populations.

Composante 2 : Promouvoir le développement des économies rurales et des chaines de valeur locales. Cette composante se focalisera davantage sur lappui au développement des activités de production et de services dans les territoires en vue de mettre en place les conditions nécessaires pour relancer les économies rurales et locales afin de les revivifier et de les redynamiser pour les inscrire sur la trajectoire de lémergence. Lobjectif final étant daméliorer la productivité, daugmenter le revenu des ménages ruraux et dassurer la sécurité alimentaire.

Composante 3 : Renforcer les capacités de gestion du développement local, dans le but de développer les capacités techniques, organisationnelles, institutionnelles et communautaires pour une bonne gestion du développement local. À terme, cette composante vise une autonomisation des communautés locales pour produire les services de qualité en milieu rural en se basant sur lapproche de décentralisation.

Composante 4 : Développer un système dinformation géo référencé de suivi à même de renseigner sur les progrès du programme. Cette composante vise principalement à mettre en place un dispositif efficace de suivi et dévaluation des progrès du programme. À terme, ce système servira dinstrument de suivi de la mise en œuvre des politiques et programmes publics pour dune part évaluer limpact des résultats du développement à tous les niveaux dans la matérialisation de la vision globale du développement et dautre part, pour être utilisé comme un outil daide à la prise de décisions pour lajustement des politiques publiques.

 

N. Kanku

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