Entre Kinshasa et Kigali, le moment est venu de se regarder bien en face et de mettre fin, une fois pour toutes, aux postures dans le genre je t’aime moi non plus, à l’image d’un couple qui se déteste mais dont les époux continuent à habiter sous le même toit quoique faisant chambre à part et ne mangeant pas à la même table.
Le pays est en guerre. Faisant fi du M23 dont Kinshasa soutient à juste titre qu’il n’est qu’un paravent derrière lequel se dissimule le Rwanda, l’heure est venue de répondre par le seul langage que le président Kagame comprend : celui de la force.
Au fur et à mesure que le temps s’écoule, que les Congolais se répandent en jérémiades stériles et tendent constamment la main à la recherche d’une âme secourable; qu’ils comptent sur une force de l’East African Community (EAC) aux visées obscures, ou du voisin angolais censé veiller à l’hypothétique cantonnement des « rebelles », des populations entières au Nord-Kivu et en Ituri continueront leur errance dans le pire des dénuements.
Obnubilée par des intérêts personnels et croyant faire plaisir au Chef par des attitudes et postures anti-démocratiques dans le genre «nous devons agir pour un second mandat de Fatshi et lui donner une majorité écrasante au parlement », ce qui tient de classe politique congolaise joue à l’autruche. Comme cet oiseau qui ne vole pas mais cache la tête dans le sable pour, croit-il, échapper au prédateur, elle regarde ailleurs alors que le pays brûle et risque de partir en morceaux. Proclamer à longueur de journées que « nous allons gagner cette guerre […] Aucun centimètre carré de notre pays ne sera cédé à l’ennemi », sans proposer d’initiatives diplomatiques ou militaires probantes, relève ni plus ni moins d’une forme sournoise d’une sombre traîtrise.
L’ajournement sine die des rencontres de Goma entre les chefs des états-majors des armées régionales de l’EAC le mercredi 18 avril 2023 est un signal qui ne trompe pas et qui devrait mettre la puce à l’oreille de quelques rares Congolais qui ont encore des yeux pour voir. Ceux qui sont capables de réaliser que l’adhésion précipitée de la RD Congo à la Communauté de l’Afrique de l’Est n’a pas été un choix des plus heureux devraient être écoutés.
Car faire son entrée dans une organisation sous-régionale et chercher à en connaître a posteriori les modalités de fonctionnement procède ni plus ni moins de l’art de tourner en rond dans une forêt inconnue.
Le pays est en guerre. Mais combien le savent ?
Econews