Une alliance stratégique se dessine entre Kinshasa et Bujumbura, visant à contrer l’influence régionale du président rwandais Paul Kagame. Les chefs d’État de la République Démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, et du Burundi, Evariste Ndayishimiye, affichent ouvertement leur proximité dans le but de promouvoir la paix et la stabilité dans la région des Grands Lacs. Cette initiative vise à freiner les ambitions hégémoniques de Paul Kagame et à renforcer la coopération régionale pour un avenir pacifique.
En visite de 48 heures à Kinshasa, le président burundais Evariste Ndayi-shimiye a échangé avec son homologue congolais Félix Tshisekedi, mardi 13 février dans la soirée, autour du suivi de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la Région des Grands Lacs.
Il s’agissait d’une visite pour mener des consultations en sa qualité de président du Mécanisme de suivi de cet accord, selon un communiqué de la Présidence du Burundi. Pourtant, le président Ndayishimiye était à Kinshasa au moment, où son pays et la République Démocratique du Congo accusent le Rwanda de déstabiliser la région des Grands Lacs, en armant des groupes armés. Des accusations que les autorités rwandaises ont toujours niées. Pour Kinshasa, le M23 est un mouvement terroriste soutenu par Kigali.
De son côté, le Rwanda accuse l’armée congolaise de coaliser avec les rebelles FDLR. Tout récemment, le Burundi a pointé son voisin rwandais de soutenir le Red Tabara.
Une alliance stratégique
La proximité affichée entre Félix Tshisekedi et Evariste Ndayishimiye témoigne de la volonté des deux chefs d’État de renforcer leur coopération et de contrer l’influence de Paul Kagame dans la région des Grands Lacs. Cette alliance stratégique entre la RDC et le Burundi s’inscrit dans une démarche visant à promouvoir la paix, la sécurité et le développement dans cette région. Les deux pays cherchent à s’unir pour faire face aux défis communs et à œuvrer en faveur d’une stabilité durable.
L’initiative de rapprochement entre Kinshasa et Bujumbura vise également à contrer les velléités hégémoniques de Paul Kagame dans la région. En renforçant leur collaboration, la RDC et le Burundi cherchent à équilibrer les dynamiques régionales et à promouvoir une approche collective pour résoudre les conflits et les tensions dans les Grands Lacs. Cette démarche s’inscrit dans une volonté de préserver la souveraineté des États et de favoriser une coopération équilibrée entre les pays de la région.
La proximité affichée entre Félix Tshisekedi et Evariste Ndayishimiye est motivée par un engagement commun en faveur de la paix et de la stabilité. Les deux chefs d’État reconnaissent l’importance de travailler ensemble pour résoudre les conflits et promouvoir le développement économique et social dans la région des Grands Lacs. Cette démarche s’inscrit dans une volonté de renforcer la coopération régionale et de favoriser des relations pacifiques entre les pays voisins.
L’alliance entre Kinshasa et Bujumbura représente à la fois un défi et une opportunité pour la région des Grands Lacs. Alors que cette initiative vise à contrer l’influence régionale de Paul Kagame, elle offre également l’opportunité de renforcer la coopération et de promouvoir une approche concertée pour résoudre les défis communs. La promotion de la paix et de la stabilité dans la région est au cœur de cette démarche, offrant ainsi des perspectives positives pour l’avenir.
Onze ans de passage à vide
Lancé depuis février 2013, l’Accord-cadre d’Addis-Abeba avait suscité l’espoir des lendemains meilleurs après des décennies de conflits, d’instabilité, d’exploitation et de souffrance dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo.
Le président Evariste Ndayishimiye a rappelé mercredi au coordonnateur du Mécanisme congolais de suivi, le sacro-saint principe du respect de la souveraineté et de l’intégrité des frontières des pays de la Région (Grands Lacs), rapporte les sources officielles.
«Le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des pays de la Région des Grands Lacs » a été rappelé au coordonnateur du Mécanisme national de suivi(MNS), le professeur Ntumba Luaba, par le chef de l’Etat burundais et Président en exercice du «Mécanisme de suivi de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la Région».
Auparavant, le professeur Ntumba Luaba avait rendu compte sur «la mise à l’épreuve de l’accord-cadre par rapport au contexte instable et conflictuel de la Région des Grands Lacs ».
Le coordonnateur du MNS a également parlé «des évolutions en cours concernant la revitalisation de l’accord-cadre après le séminaire de Durban et la 35ème réunion du Comité d’appui technique (CAT) tenue à Nairobi les 2 et 3 février en vue de soumettre des recommandations venant de hauts représentants des gouvernements signataires ».
L’Accord-Cadre pour la paix, la sécurité, et la coopération pour la République démocratique du Congo et la Région avait été signé en février 2013, à Addis-Abeba, pour résoudre les cycles récurrents de conflits et violences, aux conséquences dévastatrices.
Cet Accord avait été la première tentative d’aborder de manière exhaustive les causes profondes du conflit, et de mettre fin aux violences récurrentes et persistantes en apposant une approche globale et inclusive.
L’accord était initialement signé par 11 pays de la région, ainsi que par le secrétaire général des Nations Unies; le président de la Commission de l’Union Africaine; le président de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC) et le Président de la Conférence Internationale sur la région des Grands Lacs. Le Kenya et le Soudan signeront l’accord en 2014, portant le groupe à «13+4».
Hugo Tamusa