La Banque centrale du Congo a beau rassurer, la gouverneure Malangu Kabedi allant même à déclarer qu’il n’y a pas de quoi s’alarmer car, selon elle, «le taux de change est stable sur le marché». Dans la foulée, c’est le ministère de la Communication et Médias qui publie une affiche renseignant qu’au 10 mars, le cours interbancaire était de 2.097,9 FC pour un dollar américain; le cours parallèle acheteur de 2.280 FC et le taux parallèle vendeur de 2.305 FC pour une unité de la monnaie américaine.
Même les membres de la Confédération des cambistes manuels (COCAM), reçus par la gouverneure de la BCC, ont abondé dans le même sens. Peut-être par simple politesse envers la grande dame,…
sachant que ses membres sont parmi les plus réticents à quitter la rue pour ouvrir des maisons de change formelles. Une mise en garde a été adressée aux «cambistes improvisés responsables de la spéculation en pratiquant de «faux taux de change ».
Il n’empêche que sur le terrain, rien ne va plus. La dépréciation de la monnaie nationale, amorcée dès le début du mois de mars, a entraîné une surchauffe sans précédent des prix des biens et services sur le marché. Les opérateurs de la téléphonie mobile ont été les premiers à donner le ton il y a une dizaine de jours. Sans crier gare, la recharge téléphonique est passée du simple au double. Les prix des appels et de la connexion aux réseaux sociaux sont majorés de 50 %.
Les prix des produits de première nécessité sont dorénavant hors de portée, situation causée par des fluctuations en dents de scie des tarifs des produits pétroliers. Le sac de riz de 25 kg, le carton de savon de Marseille, de poisson ou de poulet sont devenus un luxe pour la plupart des ménages réduits à s’approvisionner par petites portions.
La « disette » ne concerne pas que la ville de Kinshasa. Toutes les grandes villes sont impactées. Plus particulièrement Goma qui est en plus quasiment étouffée par l’arrêt des approvisionnements venant des territoires de Masisi et de Rutshuru partiellement occupés par le M23 et l’armée rwandaise.
L’on apprend que la Banque centrale a pris la résolution de publier quotidiennement le taux de change officiel dans les médias. Une bonne chose assurément; mais qui ne remplacera pas des mesures gouvernementales fortes en vue de la dédo-llarisation de l’économie nationale et la paie des dirigeants des institutions politiques en monnaie nationale, au même titre que les fonctionnaires et agents de l’Etat.
Un adage rappelle, cependant, que l’économie n’aime pas les interdits. La conséquence est immédiate, car lorsque vous passez outre les lois du marché, le retour de l’ascenseur est généralement fatidique. Certainement, la Banque centrale a aménagé tous les garde-fous possibles pour amortir le choc.
Econews