Après moult hésitations, malgré sa volonté exprimée à plusieurs reprises depuis sa prise de fonction en janvier 2019, restant dans la logique de ses discours de campagne, le président de la République a finalement résolu de prendre carrément le taureau par les cornes.
Félix Tshisekedi a, au cours de la réunion du Conseil des ministres du 17 mars, annoncé la nécessité d’une revisitation de la Convention de collaboration d’avril 2008 entre la RDC et le Groupement d’entreprises chinoises dont les géants China Railways Corporation et Sinohydro convention connue sous l’appellation des « Contrats chinois ».
Celles-ci feraient état, entre autres, de cas de non respect des dispositions des contrats, de l’inexécution des engagements contractuels et de subjectivité. Dans la nasse du Chef de l’Etat à la suite du Rapport de l’Inspection générale des finances (IGF), un gros poisson : la Société sino-congolaise des mines (SICOMINES) basée dans la province du Lualaba.
En bref, et toujours selon le rapport des l’IGF, la Convention sino-congolaise de 2018 sous le régime de l’ex-président Joseph Kabila accuserait un déséquilibre criant. Sur les 6 milliards de dollars américains d’investissements « Mines contre Infrastructures », la partie chinoise, exploitant l’un des plus grands gisements de cuivre et de cobalt au monde, n’aurait pas honoré sa contrepartie en matière d’infrastructures (routes, écoles, hôpitaux…), contrastant avec les énormes bénéfices réalisés par la SICOMINES au moment où les minerais stratégiques accusent une tendance haussière quasi quotidienne.
Si la démarche s’inscrit dans le cadre de sa pleine souveraineté, le pays étant tout à fait foncé à tirer profit de ses ressources naturelles, la voie empruntée par le Chef de l’Etat pour la révisitation des fameux « Contrats chinois » laisse plus d’un observateur dubitatif. En demandant à son Cabinet de réunir toutes les parties prenantes afin de préparer les éléments qui seront versés dans les discussions avec les partenaires chinois lors des travaux de la Commission mixte qui auront lieu très prochainement, Félix Tshisekedi laisse en rade les « ministres sectoriels », envoyant certainement le signal d’un imminent remaniement du gouvernement.
Ce serait en définitive une seconde révi-sitation des «Contrats chinois », après celle menée tambour battant sous l’égide du FMI en 2009, et qui avait ramené les investissements chinois de 9 à 6 milliards de dollars américains, au grand dam du régime Kabila et son Programme électoral de la «Révolution de la Modernité ».