«Suicide», selon la Justice, «torture», selon la fille du défunt qui intervenait mercredi à la messe organisée en l’honneur du défunt à la Cathédrale Notre-Dame du Congo. Finalement, qui dit vrai ? En tout cas, pour la famille Chérubin Okende, l’ancien ministre des Transports et député national de Lukunga (Kinshasa) ne s’est pas suicidé. La famille dit disposer des preuves «irréfutables» pour valider sa thèse, balayant d’un revers de main la version du procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde. Pour faire toute la lumière sur cette affaire, la Justice doit se dédouaner. Rouvrir les enquêtes serait la voie idéale pour apaiser la famille de l’illustre disparu, enterré mercredi à la Nécropole entre Ciel et Terre. La polémique est donc relancée autour de la mort de Chérubin Okende : suicide ou torture ?
La mort de Chérubin Okende, ancien ministre des Transports et député national de Lukunga, a suscité une vive polémique quant aux circonstances de son décès. Alors que la Justice qualifie cet événement de suicide, la fille du défunt affirme qu’il s’agit en réalité d’un acte de «torture». Lors de la messe organisée en l’honneur du défunt à la Cathédrale Notre-Dame du Congo, des déclarations contradictoires ont été faites, laissant le public dans l’incertitude.
A la Cathédrale Notre- Dame du Congo, la fille du défunt n’est pas allé par quatre chemins : « Papa a disparu mercredi. Et le mercredi, c’était son jour de jeûne. Un jour très particulier pour lui. Il passait sa journée affamé. Sans boire de l’eau; il était juste affamé pour son Dieu. Papa était torturé affamé. Mais je suis sûr que quand tout ceci se passait, papa priait ».
Et de témoigner sur ce qu’était son défunt père : «S’il y a quelque chose qu’il nous a appris dans des moments difficiles, c’était toujours d’avoir ça (le chapelet : ndlr), en main. Même quand ça ne va pas, il nous disait toujours : Mes enfants, vous avez une arme; personne ne peut vous arracher cette arme (le chapelet : ndlr). Et papa, depuis que tu es parti, on l’utilise vraiment. Papa était un fervent chrétien, qui avait fait de l’église sa maison et la prière sa véritable passion. Il a su nous éduquer dans la foi en Jésus, et nous montrait le chemin de l’église. Il était notre ange gardien, notre chérubin. C’est comme ça qu’on l’appelait. Imaginez-vous, sur terre il nous protégeait, et maintenant qu’il n’est plus là, qu’est-ce qu’il est capable de faire pour nous ? Seul Dieu sait.»
La thèse de la famille a également été reprise par le cardinal Fridolin Ambongo, l’archevêque de Kinshasa, dans son homélie : «La conclusion absurde de l’enquête est la preuve que la justice de notre pays est vraiment malade », a-t-il souligné. « Comment comprendre qu’un père de famille aussi attentionné que Chérubin, qui venait de marier sa fille, se soit tiré des balles sur lui-même, après une longue promenade dans la ville ? », s’est interrogé le prélat.
Sur des banderoles brandies à l’extérieur de la cathédrale, on pouvait lire «Chérubin Okende victime de l’intolérance», et qu’il avait «résisté au mal jusqu’au sacrifice suprême».
La famille contredit la Justice
La famille de Chérubin Okende soutient fermement que ce dernier n’a pas mis fin à ses jours et détient des preuves irréfutables pour étayer cette affirmation. Cette position contredit celle du procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, qui a conclu à un suicide. Face à cette divergence d’opinions, il est impératif que la lumière soit faite sur cette affaire.
Pour apaiser les doutes et rassurer la famille eplorée, il est essentiel que la Justice se saisisse de nouveau de l’affaire. La réouverture des enquêtes permettrait d’examiner tous les éléments en jeu de manière approfondie et impartiale. Seule une investigation minutieuse pourra clarifier les circonstances exactes du décès de Chérubin Okende et établir la vérité.
L’illustre disparu a été inhumé à la Nécropole entre Ciel et Terre lors d’une cérémonie funéraire émouvante. Cependant, tant que des doutes subsistent quant à la cause de sa mort, il est essentiel que la Justice agisse pour faire toute la lumière sur cette affaire et rendre justice à la mémoire de Chérubin Okende.
En lien avec cette affaire, le journaliste congolais Stanis Bujakera, correspondant du magazine Jeune Afrique à Kinshasa, a été arrêté en septembre 2023, jugé et condamné ensuite à six mois de prison. Il est sorti de prison mardi 19 mars et a rejoint le lendemain la rédaction du journal en ligne Actualité.cd, dont il est directeur de publication adjoint.
Chérubin Okende avait démissionné de son poste de ministre des transports en décembre 2022, alors que M. Moïse Katumbi, chef de sa formation politique, venait d’annoncer sa candidature à la présidentielle et le retrait de son parti de la coalition au pouvoir.
Ancien gouverneur de la région minière du Katanga, Moïse Katumbi était présent à la messe des funérailles aux côtés d’autres figures de l’opposition, notamment Jaynet Kabila, sœur jumelle de l’ancien président Joseph Kabila, ou encore Martin Fayulu, un autre candidat malheureux à la présidentielle de décembre 2023.
Econews