Ils ont eu tort de s’esclaffer en week-end quand, apparaissant sur les écrans des télévisions, André Atundu a annoncé qu’il traversait la rivière et faisait désormais partie de la grande famille de l’Union sacrée de la Nation et se mettait dorénavant sous l’aile protectrice de son Autorité morale, Félix Tshisekedi Tshilombo.
Hier encore considéré comme l’un des derniers fidèles des fidèles de l’ancien président Joseph Kabila qu’il défendait contre vents et marées face aux flèches acérées décochées à tort et à travers par les phalanges de l’UDPS matin, midi et soir, Atundu s’en est allé rejoindre l’armée de ses anciens camarades kabilistes qui, sentant le vent tourner, sont allés se mettre à l’abri, eux et leurs fortunes amassées au cours des 18 années du Raïs qu’ils adulaient à cor et à cri.
Finies les agapes princières de Kingakati et l’air frais de Kashamata. Si la plupart de ses anciens amis qui l’ont précédé dans leur « trahison’’ peuvent au moins se prévaloir de siéger dans l’une ou l’autre chambre du parlement, Atundu, lui, n’a jamais joui d’un mandat électif. Mais depuis avoir tourné casaque, aucun d’entre eux n’a bénéficié à ce jour d’un poste de responsabilité. Il serait en effet naïf de croire que le simple fait de rejoindre l’Union sacrée blanchit des malédictions et imprécations naguère assenées en direction de Limete. Ici, l’on oublie difficilement. Le temps de la désillusion est vite arrivé !
Muré dans un silence devenu proverbial, Joseph Kabila considère avec philosophie le cercle de ses alliés fondre comme neige au soleil. Mais curieusement, ce n’est pas son seul cercle qui se dégarnit. On ne le crie pas sur les toits, mais à l’Union sacrée, le scénario est quasiment le même. Prenant soin de ne pas démentir le caractère instable du politicien congolais, des militants dits «de la première heure» quittent à leur tour le navire et vont étoffer les nouvelles formations politiques qui poussent comme des champignons.
Leur départ ne bénéficie pas d’une publicité tapageuse. Ils s’en vont, dans l’anonymat, déçus que leur combat de près de 40 ans ait été récupéré par des nouveaux venus qui écument les couloirs de la présidence de la république et des entreprises étatiques. Les fameux «Diasporas» qui, après s’être rempli les poches de millions de dollars américains détournés en toute impunité, s’en retournent tranquillement se la couler douce en Europe, au Canada, aux Etats-Unis et ailleurs. L’on souhaitera la bienvenue aux uns, et bon vent aux autres. Dans l’un et l’autre cas, la double hémorragie continue.