Avec les «nouvelles routes de la soie », la Chine a octroyé de nombreux prêts aux pays en développement. Avec les risques de défaut de paiement, elle risque le retour de bâton.
La Chine découvre à ses dépens le revers de la médaille de l’endettement excessif de ses créditeurs. Au cours des vingt dernières années, elle n’a pas cessé de tisser sa toile au niveau international, en particulier dans le cadre de ses «nouvelles routes de la soie ». Elle est devenue non seulement le plus grand emprunteur parmi les pays classés à revenu faible et intermédiaire par la Banque mondiale, mais également l’un de leurs plus grands créanciers.
Depuis le lancement de cette initiative en 2013, et ce jusqu’en 2016, elle a mobilisé en moyenne chaque année 16,3 milliards de dollars de nouveaux engagements. Elle a été à l’origine de 53 % des engagements bilatéraux envers les pays pauvres. A la fin de 2022, la dette extérieure publique de ces pays pauvres envers la Chine s’élevait à 180 milliards de dollars.
Créancier majeur
C’est un montant loin d’être négligeable au regard de la dette de ces mêmes pays envers la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (223 milliards de dollars) et l’Association internationale de développement (AID), une des filiales de la Banque mondiale spécialisée dans l’aide aux pays très pauvres (183 milliards dont 16 milliards de la Chine).
A ces chiffres officiels s’ajoutent des prêts de la Chine consentis au secteur privé de ces pays en développement sans qu’il y ait une garantie de l’Etat.
L’Afrique privilégiée
De 2012 à 2022, les engagements de la Chine envers ces pays pauvres ont totalisé 254 milliards de dollars. Les prêts – principalement dans les infrastructures et les industries extractives – étaient surtout destinés aux pays producteurs de pétrole, aux voisins de la Chine, à ceux situés le long du corridor des nouvelles routes de la soie et à des pays riches en minerais.
Les pays d’Afrique subsaharienne ont connu les plus fortes augmentations de prêts chinois depuis 2012, tant et si bien qu’à la fin de 2022, ils représentaient 44 % des obligations envers la Chine. Cette dernière détenait ainsi 43 % de la dette du Zimbabwe, 24 % de celle de la Zambie, 20 % de celle de l’Ethiopie et 18 % de la dette kenyane.
Un recul certain
Au cours de ces dernières années, les prêts chinois se sont néanmoins faits moins nombreux. «Les engagements ont fortement chuté pour atteindre 5,4 milliards de dollars en 2022, dont 80 % sont allés aux pays voisins de la Chine et à ceux de la région de l’Asie du Sud. Les nouveaux engagements de prêts en faveur des pays d’Afrique subsaharienne représentaient un montant négligeable de 145 millions de dollars», observe dans son rapport la Banque mondiale.
Les difficultés économiques de la Chine, la forte contraction de son excédent de compte courant, l’échec de certains projets à l’étranger et les risques de surendettement des pays en développement n’y sont pas étrangers. Aujourd’hui, elle fait face à plusieurs cas de défaut de paiement sur des dettes extérieures. Le Tchad, le Ghana, la Zambie et l’Ethiopie sont autant d’alertes pour Pékin qui se voit dans l’obligation de parler de restructuration plutôt que de nouveaux prêts aux pays africains ou aux pays fragilisés ailleurs, à l’instar du Sri Lanka.