Les dirigeants des États-Unis, du Japon, de l’Inde et de l’Australie ont exprimé dans un communiqué leur inquiétude au sujet des «manœuvres coercitives et intimidantes» en mer de Chine méridionale.

La Chine «nous met à l’épreuve», a affirmé samedi le président Joe Biden aux dirigeants de l’Australie, de l’Inde et du Japon, selon des propos captés par la presse lors d’une réunion aux États-Unis censée se tenir à huis clos. Ces propos sont beaucoup plus offensifs que la déclaration commune du groupe baptisé «Quad», publiée samedi à l’issue du sommet et qui évite de mentionner directement Pékin.

Dans cette déclaration, les dirigeants des quatre pays se déclarent «très préoccupés par la situation dans les mers de Chine orientale et méridionale». Joe Biden, qui quittera la Maison Blanche en janvier, a reçu samedi à Wilmington, dans le Delaware, le premier ministre japonais Fumio Kishida, l’Indien Narendra Modi et l’Australien Anthony Albanese.

«La Chine continue de se comporter agressivement, nous met à l’épreuve dans toute la région», a affirmé Joe Biden lors de cette réunion devant être à huis clos, mais dont les propos ont pu être captés par la presse, les micros étant restés ouverts pendant un temps. D’après Joe Biden, le président chinois Xi Jinping se concentre sur les «défis économiques intérieurs» mais cherche aussi «à s’offrir un espace diplomatique, de mon point de vue, pour poursuivre agressivement les intérêts de la Chine».

Toutefois, le président démocrate a jugé que les «efforts intenses» récemment conduits par Washington pour réduire les tensions, à l’image d’un entretien téléphonique avec Xi Jinping en avril, avaient été bénéfiques.

«MANŒUVRES INTI-MIDANTES»

Dans leur déclaration à l’issue du sommet, les quatre dirigeants n’ont pas mentionné directement la Chine, même s’ils ont exprimé leur inquiétude au sujet de ses frontières. Ils ont condamné des «manœuvres coercitives et intimidantes» en mer de Chine méridionale, sans incriminer aucun pays en particulier. Pékin revendique sa souveraineté sur la quasi-totalité des îlots de cette mer, ignorant une décision de justice internationale selon laquelle ses prétentions ne reposent sur aucune base juridique.

Des îles disputées en mer de Chine orientale sont par ailleurs la source de tensions de longue date entre Pékin et Tokyo. Les dirigeants se sont contentés de termes généraux, comme lors d’autres occasions, affirmant que la région devait rester «libre et ouverte» et faisant état de «défis» géopolitiques. L’élection présidentielle américaine du 5 novembre était également dans les esprits. L’ancien chef de l’Etat, l’isolationniste Donald Trump, est engagé dans un duel serré avec la démocrate Kamala Harris.

LE «QUAD» PERDURERA

Mais Joe Biden a assuré à la presse que le «Quad» perdurerait, quelle que soit l’issue du scrutin, «bien au-delà du mois de novembre». «Le Quad est ici pour rester», a-t-il déclaré à ses hôtes. Des propos repris mot pour mot par l’Indien Narendra Modi, dont le pays doit accueillir l’an prochain le sommet du groupe. Ce format diplomatique quadripartite, débuté pour répondre au tsunami dévastateur de 2004 dans l’océan Indien, avait pris une tournure plus institutionnelle en 2007, mais a par la suite connu des hauts et des bas. Il vivotait plus ou moins à l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche.

Ce dernier a voulu en faire, selon l’exécutif américain, un format «incontournable pour des années» dans une région hautement stratégique. Cela l’a conduit à tisser ou retisser un réseau serré d’alliances en Asie – quitte pour cela à froisser par exemple la France en lui ravissant un énorme contrat de sous-marins avec l’Australie. En plus de recevoir les trois dirigeants un à un dans sa maison de famille à quelque 160 kilomètres de Washington, des rencontres auxquelles la presse n’a pas eu accès, Joe Biden a choisi son ancien lycée pour organiser samedi une réunion de travail commune et un dîner.

Au-delà des questions géopolitiques, le «Quad» a annoncé un investissement dans la lutte contre le cancer du col de l’utérus. Ce sommet ouvre une semaine d’intense activité diplomatique pour le président américain, à l’heure où tous les alliés des États-Unis sont suspendus au résultat de la présidentielle. La vice-présidente Kamala Harris, propulsée candidate démocrate à la Maison Blanche quand Joe Biden a renoncé en juillet à briguer un second mandat, n’était pas présente.

Joe Biden, pour ses adieux diplomatiques, fera la semaine prochaine son dernier grand discours à la tribune des Nations Unies à New York. Il recevra aussi le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président émirati Mohammed ben Zayed al-Nahyane.

Avec Le Figaro

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