Dans l’Est de la République démocratique du Congo, les chiffres ne disent plus seulement l’urgence : ils crient la détresse. Sept millions de déplacés, des structures sanitaires débordées, des familles en errance, livrées à l’arbitraire des groupes armés. À ce chaos prolongé, l’Union européenne oppose un message de constance et de solidarité. En recevant à Kinshasa une délégation de la Commission européenne conduite par Hans Das, la Première ministre Judith Suminwa a trouvé, sinon un remède immédiat, du moins un allié déterminé. L’annonce d’une enveloppe de 100 millions d’euros en est le signal fort.
Face à la crise humanitaire qui s’aggrave dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), l’Union européenne réaffirme son engagement. Lundi 12 mai, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka a reçu en audience à Kinshasa une délégation de la Direction générale de la protection civile et des opérations d’aide humanitaire de la Commission européenne (ECHO), conduite par son directeur général adjoint, Hans Das.
Cette visite intervient dans un contexte de détérioration continue des conditions de vie pour des millions de personnes déplacées par les conflits armés, notamment dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Médecine, nutrition, abris temporaires : les besoins sont criants. Selon les Nations unies, plus de 7 millions de personnes sont actuellement déplacées à l’intérieur du pays, dont une majorité dans l’Est.
« L’objectif de ma mission est de faire le point sur place, de voir de mes propres yeux la situation humanitaire dans l’Est, et de discuter avec les autorités ici à Kinshasa, notamment avec Madame la Première ministre, sur les moyens de rendre plus efficace l’aide humanitaire que nous acheminons », a expliqué Hans Das à l’issue de la rencontre. « Nous pensons que la situation humanitaire est extrêmement préoccupante. Il y a des besoins énormes. »
Un appui financier conséquent
Dans un contexte de raréfaction de l’aide internationale et d’intensification des combats impliquant notamment le mouvement rebelle M23, soutenu par le Rwanda, l’Union européenne cherche à maintenir son niveau d’intervention. À ce jour, ECHO affirme avoir mobilisé une enveloppe de 100 millions d’euros pour répondre aux besoins les plus urgents.
« L’Union européenne continue à fournir une aide financière aux partenaires humanitaires — agences des Nations unies, Croix-Rouge, ONG — pour soutenir la population congolaise dans cette crise. Je suis venu avec un message très clair : l’Union européenne n’abandonnera pas la population congolaise », a insisté M. Das.
Créée en 1992, la direction ECHO est l’instrument principal de l’Union pour exprimer sa solidarité avec les populations affectées par des catastrophes naturelles ou des conflits. En RDC, elle intervient depuis plus de deux décennies dans des secteurs allant de l’assistance alimentaire d’urgence à la protection des personnes vulnérables, en passant par les soins de santé de base.
Une coopération réaffirmée
Judith Suminwa Tuluka, nommée Première ministre en avril dernier, a réaffirmé son attachement à la cause humanitaire et sa volonté de renforcer la coordination avec les partenaires internationaux. « Le gouvernement reste mobilisé pour alléger les souffrances de nos compatriotes dans l’Est du pays. La coopération avec l’Union européenne est un levier important de notre action », a-t-elle déclaré, selon des propos rapportés par son cabinet.
Alors que la saison des pluies complique encore davantage l’acheminement de l’aide et que les violations des droits humains se multiplient dans certaines zones hors contrôle de l’État, Bruxelles souhaite accompagner également le renforcement des capacités locales de réponse.
En toile de fond, ce déplacement traduit aussi une volonté de l’Union européenne de demeurer un partenaire humanitaire central en Afrique centrale, dans un environnement de plus en plus marqué par la concurrence géopolitique et le désengagement relatif de certains bailleurs.
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