Sera-t-il candidat à la prochaine présidentielle de décembre 2023 ? Va-t-il enfin briser le silence ? Pour l’instant, le président honoraire Joseph Kabila entretient le suspens autour de son avenir politique. Malgré tout, ceux qui lui sont restés fidèles au sein de la nébuleuse PPRD/FCC le voient déjà s’aligner au sprint présidentiel de la fin de cette année. Si le PPRD/FCC a opté pour le boycott du processus électoral, il promet cependant d’aligner son joker Kabila en décembre prochain. Drôle de stratégie !
A chaque fois que l’actualité politique stagne dans la morosité, revient à la surface le vieux serpent de mer de la candidature ou non de Joseph Kabila à la présidentielle, supposément prévue le 20 décembre 2023. Aux débats homériques à la télévision, aux éditoriaux enflammés dans la presse viennent s’ajouter la confusion volontairement entretenue par les proches du pouvoir tant au Parlement que dans toutes les institutions. Mais la famille politique du concerné ne se laisse pas faire, même si les rangs de ses porte-parole se rétrécissent comme peau de chagrin.
A chacune de ses sorties médiatiques, Ferdinand Kambere a l’incontestable aptitude à désarçonner l’opinion par des déclarations à l’emporte-pièce qui laissent songeurs ceux des auditeurs et téléspectateurs toujours avides de ses révélations concernant le président honoraire Joseph Kabila dont il est l’un des derniers porte-parole.
Le toujours secrétaire permanent adjoint du PPRD, ancien parti présidentiel et porte-étendard du Front commun pour le Congo (FCC), vient de s’illustrer une fois de plus sur les réseaux sociaux en affirmant que «Joseph Kabila est le candidat du PPRD et du FCC » (à l’élection présidentielle, ndlr). «Son jeune âge, son carnet d’adresses…et sa vision du Congo militent en faveur de sa candidature […], nous nous préparons pour les élections. Nous exigeons les élections», insiste-t-il.
Mais quand on lui pose la question de savoir qui voterait pour l’ancien président, son parti ayant appelé ses militants au boycott des opérations d’enrôlement, il botte en touche : «C’est la fausse impression que les gens se font » déclare-t-il, tout en exigeant «la restructuration de la CENI».
A sa décharge, il faut reconnaître à l’ancien ministre du Travail et Prévoyance sociale le mérite d’être resté fidèle à Joseph Kabila, alors que la plupart de ses anciens camarades sont passés avec armes et bagages dans le camp de l’Union sacrée. Le dernier en date étant l’emblématique Alain Atundu, hier encore un ardent défenseur de la philosophie kabiliste. Si parmi ceux qui ont traversé la rue, les élus ne se font pas de soucis particuliers pour leur survie au quotidien, d’autres suiveurs – ils sont majoritaires – attendent encore un signe qui les conforte dans le nouvel environnement politique qu’ils vilipendaient avec virulence il n’y a pas si longtemps.
Des questionnements sans réponses
Ferdinand Kambere est libre d’émettre ses opinions. Sauf que ses dernières déclarations appellent quelques interrogations. La première, qui avait déjà fait l’objet de vifs débats par le passé, est celle de savoir si Joseph Kabila, sénateur à vie, pourrait briguer la magistrature suprême. La «guerre», engagée depuis par médias interposés par des constitutionnalistes de tout bord, n’est jamais parvenue à jeter une lumière définitive sur la question. Au contraire, le nuage de fumée ne fut plus épais.
Deuxièmement, si par impossible «l’homme de Kingakati», muré dans un silence olympien qui énerve jusque parmi ses adversaires et ennemis politiques, éprouvait la nécessité de se lancer dans la bataille électorale, il trouverait certainement des canaux par lesquels faire passer son message de manière plus percutante.
Enfin, aucune information à ce jour n’a confirmé ni infirmé le fait que Joseph Kabila se soit fait enregistrer et enrôler à Kinshasa ou à Lubumbashi. Le mot d’ordre du boycott des opérations pré-électorales venu des organes politiques du PPRD n’a jamais bénéficié de l’assentiment de l’ancien président de la République dont on est en droit de se demander s’il est toujours l’ « Autorité morale» tant respectée jadis du PPRD et du FCC.
Au moins, parle Joseph !
Le vieux débat du genre «se présentera, se présentera pas » ne tient plus debout, tant que l’intéressé ne se sera pas prononcé. Il est périodiquement alimenté par le silence devenu proverbial de JKK. Un silence que personne n’est encore parvenu à décrypter.
L’opinion elle-même ne s’explique pas que son ancien président «qui n’a pas été mauvais que ça » la laisse en plan, même aux pires moments marqués surtout par l’agression rwandaise et les tueries en Ituri. Qu’il s’exprime sur les détournements de deniers publics devenus un sport national ou encore, pourquoi pas, sur l’arrêt intempestive du championnat national de football !
Certains seraient même tentés de le supplier en ces termes : «Au moins cette fois parle ! Parle Joseph !»
Econews