L’Ouganda fustige le récent rapport du groupe des experts des l’Organisation des Nations unies révélant son appui aux terroristes du M23 soutenus par l’armée rwandaise dans la guerre contre l’armée congolaise, qui sévit dans l’Est de la RDC depuis maintenant plusieurs décennies. Dans une interview accordée par son porte-parole de l’armée, le brigadier général Félix Kulayigye, à la Radio France Internationale, il a qualifié ce rapport de l’ONU de manque documentation et de biaisé.
Pour lui, son pays n’a aucune raison de soutenir ces terroristes du M23/RDF.
Une sortie médiatique qui vient de contredire le rapport des experts des Nations unies relevant le soutien de l’Ouganda aux terroristes du M23, soutenus militairement par le Rwanda.
« Il manque de documentation et il est biaisé. Nous n’avons aucune raison de soutenir ces rebelles, alors que nous faisons partie des mécanismes régionaux pour la résolution des conflits dans l’Est de la RDC. Que des gens fassent ce genre d’allégations est une façon de saboter les efforts que nous entreprenons, plutôt que de les soutenir », a déclaré le brigadier général Félix Kulayigye, le porte-parole de l’armée ougandaise.
Dans son rapport, publié lundi 8 juillet 2024, les experts onusiens, auteurs de plusieurs autres rapports attestant la présence des Forces armées rwandaises (RDF) en territoire congolais combattant aux côtés des terroristes du Mouvement du 23 Mars (M23), révèlent que les renseignements militaires ougandais ont permis aux troupes du M23 – ainsi qu’aux troupes rwandaises qui les soutiennent – de transiter sur le territoire ougandais. Ils démontrent également que certains chefs du mouvement terroriste se rendent en Ouganda pour des réunions, notamment Sultani Makenga, chef militaire du M23 ainsi que Corneille Nangaa, président du mouvement politico-militaire dénommé « Alliance Fleuve Congo », allié direct du M23.
De ce fait, le brigadier général Félix Kulayigye, remet en cause la crédibilité des auteurs de ce rapport, avançant que si ces derniers étaient des experts onusiens, ils devraient soutenir les efforts régionaux pour trouver une solution pacifique, plutôt que de se livrer à simples accusations.
« Non, notre pays n’est pas utilisé comme base par ces rebelles. En revanche, notre pays accueille des réfugiés pour leur propre sécurité, en accord avec la politique des Nations unies. Nous avons de très bonnes relations avec le gouvernement de la RDC », a-t-il répliqué.
« Nous avons d’ailleurs une mission conjointe dans la région de l’Ituri, pour lutter contre les terroristes des ADF. Alors pourquoi, est-ce que l’on soutiendrait un groupe qui se bat contre le gouvernement avec lequel nous travaillons ? », s’est-il interrogé.
Accusation de trafic d’or dans la province d’Ituri
Cependant, si cet Ougandais nie le soutien de son pays aux terroristes du M23/RDF, un article publié par Le Monde au cours du mois de juin dernier a révélé comment il excelle dans le parrainage de groupes armés et le trafic d’or dans la province d’Ituri.
Depuis 2017, la province congolaise d’Ituri, située dans le Nord-est du territoire du pays et riche en plusieurs minerais dont l’or, le coltan, la cassitérite, le diamant et le pétrole, est sous l’emprise d’une avalanche de violences entre différentes communautés. Et le gouvernement ougandais profite de cette instabilité pour faire galoper son économie.
Depuis 2021, l’armée ougandaise collabore avec l’armée congolaise en RDC. Cette coopération fait partie de l’opération Shujaa, visant à combattre les Forces démocratiques alliées (ADF), une rébellion ougandaise affiliée au groupe État islamique. Selon Le Monde, Kampala maintient également des relations étroites avec certaines milices afin de garantir ses intérêts dans la région.
« Profitant des guerres sans fin qui déchirent, depuis 30 ans, l’Est congolais, le pays [Ouganda] a capté une partie des immenses richesses minières de l’Ituri. Et entend bien garder la main », rapporte le média français.
Selon le même média, la principale source de financement des groupes armés de l’Ituri est l’or et l’Ouganda ne s’en tient pas à l’écart pour en profiter. Le minerai congolais est devenu le principal produit d’exportation en Ouganda, devant le café, en traversant la frontière illégalement. Depuis la reprise des violences en RDC, les revenus ont même connu une augmentation, passant de 413 millions de dollars en 2017 à 2,3 milliards en 2023.
Christian Kamba