Vu de Kinshasa, le silence de la CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale) face à l’agression dont est victime la République Démocratique du Congo de la part d’un pays membre, le Rwanda, passe pour une pullule amère. En prélude de la conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEEAC, prévue ce samedi 25 février à Kinshasa, le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, a profité de l’ouverture des travaux du Conseil des ministres de cette organisation sous-régionale, jeudi 23 février 2023 à Congo Fleuve Hôtel, pour faire part de la désapprobation de Kinshasa.
Dans son mot de circonstance, le Premier ministre Sama note qu’en tant que communauté au sens réel du terme, la CEEAC doit donc «se vider de toute dose d’hypocrisie diplomatique. La CEEAC ne doit pas rester indifférente lorsqu’un État membre est agressé par un autre de la même communauté. Elle doit également reconnaître que toute insécurité freine manifestement le décollage économique de la sous-région ». Et d’ajouter : «Ce questionnement interpellateur, je l’espère, trouvera un écho favorable auprès des Chefs d’État et de Gouvernement des Etats membres de la Communauté pour mettre fin à cette agression et enfin avoir la paix dans l’Est de la République Démocratique du Congo et dans toute la sous-région».
L’occasion faisant le larron, Sama Lukonde a dénoncé l’agression de la RDC par le Rwanda sous couvert du M23, rappelant les objectifs énoncés à l’article 4 du traité révisé de la CEEAC, qui sont, entre autres, de «promouvoir la coopération, le renforcement de l’intégration régionale en Afrique centrale, dans tous les domaines de l’activité politique, sécuritaire, économique».
«En vue de réaliser l’autonomie collective, d’élever le niveau de vie des populations, d’accroître et de maintenir la stabilité économique, les fondateurs de notre communauté ont établi ainsi les principes fondateurs pour son meilleur fonctionnement et se sont engagés à les respecter. Il s’agit notamment des principes d’intangibilité des frontières, de bon voisinage, de non-agression, de non recours à la force pour le règlement des différends, de non indifférence, de solidarité, d’assistance mutuelle, de maintien de la paix et de la sécurité ainsi que de la stabilité régionale par la promotion, le renforcement des relations de bon voisinage à travers notamment le respect de l’intégrité territoriale. Il convient d’indiquer ici, puisque nul n’en est ignorant, que la guerre que nous impose le régime de Kigali pendant ce moment, sous couvert du M23, a déjà causé comme l’a été rappelé des milliers, voire même des millions de morts couplés à ce drame humain, le pillage systématique des ressources naturelles ainsi qu’un drame humanitaire qui appelle un vrai questionnement », a souligné le Chef du Gouvernement.
Il a, cependant, réitéré l’importance que la RDC à la CEEAC. «Ma présence à ce segment du Conseil des ministres de la CEEAC témoigne de l’intérêt particulier que le Gouvernement de la République Démocratique du Congo accorde aussi bien aux questions de l’intégration régionale en tant qu’outil indispensable de croissance et stabilité politique entre États, qu’à la paix et la sécurité au niveau de la sous-région», a déclaré le chef du Gouvernement, soulignant toute sa disponibilité à aider le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, à réussir son mandat au sein de la présidence tournante de la CEEAC.
«En effet, une année durant, le Gouvernement congolais que j’ai l’honneur de diriger, à travers le ministère de l’Intégration Régionale et Francophonie, s’est engagé sans relâche à accompagner la mandature de Son Excellence Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo à la tête de la CEEAC », a indiqué le chef du Gouvernement congolais.
Francis M.