Lors de sa prise de parole du haut de la tribune de la 52ème session du Conseil des droits de l’homme à Genève, le président Félix Tshisekedi a lâché une phrase qui en a fait frémir plus d’un. Au-delà du leitmotiv de la dénonciation de la fourberie du régime rwandais qui, par son appui avéré au M23 occasionne tueries et autres exactions multiforme au Nord-Kivu; de sa réaffirmation que jamais l’armée loyaliste ne pourra collaborer avec les rebelles rwandais des FDLR; de la réclamation d’une tripartite RDC-Rwanda-HCR et du rejet de l’accusation fallacieuse de pseudo-discours haineux contre des Tutsi congolais, le chef de l’Etat a clairement indiqué que la poursuite de la guerre, due en partie à la frilosité de la communauté internationale incapable d’amener Paul Kagamé à retirer ses troupes présentes sur le territoire congolais, la tenue des élections prévues en décembre 2023 s’en trouverait hypothéquée, en raison du déplacement massif des populations des zones des combats, de l’insécurité et de l’inaccessibilité à ces zones.
Certes, Félix Tshisekedi a habitué son peuple à des déclarations-choc chaque fois qu’il s’adresse à ses compatriotes vivant à l’étranger. Il y eut d’abord (à Washi-ngton) ce précepte du «déboulonnement» de l’ancien système hérité du régime de Joseph Kabila. Puis vint Londres (janvier 2020) où il avait menacé de dissoudre l’Assemblée nationale si ses alliés du Front commun pour le Congo continuaient à contrarier ses projets politiques. On connaît la suite : la coalition FCC-CACH volera en éclats, remplacée à la hussarde par une Union sacrée de la Nation dans des conditions qui feront école.
Mais c’est la première fois que Félix Tshisekedi se prononce aussi ouvertement sur la probabilité de renvoyer les élections aux calendes grecques. Une menace qui n’étonnera que les esprits à la logique chevillée au corps, mais non les irréductibles de son parti, l’UDPS, qui plaident pour un mandat élastique, voire indéfini.
La guerre au Nord-Kivu et en Ituri, malgré la présence des armées étrangères cantonnées dans les grandes villes, ne laisse entrevoir aucune éclaircie. L’enchaînement des conclaves, sommets et mini-sommets dans les cadres de l’EAC ou de l’Union africaine a fini par causer de la lassitude.
Dans ces conditions, organiser malgré tout des élections générales sans de larges pans des territoires de Masisi et de Rutshuru est une gageure qui donne du grain à moudre à ceux que le verdict des urnes terrifie.
Econews