Ouvrant la session de la conférence ministérielle de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), le jeudi 23 février 2023, en prélude au Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement, prévu ce samedi, le Premier ministre congolais n’a pas mâché ses mots. Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge a exprimé la déception de son gouvernement, dépité par l’absence de soutien des Etats membres de l’organisation sous-régionale face à l’agression dont son pays est l’objet de la part du Rwanda, lui aussi membre de la communauté.
Faisant usage d’un terme généralement absent du vocabulaire diplomatique, le chef des «Warriors» a accusé les délégués des pays membres et ses chers collègues d’«hypocrisie diplomatique ».
Au-delà du langage diplomatique, le message est clair. La plupart des Etats membres de la CEEAC ont des raisons de s’abstenir de porter grief aux tendances hégémonistes de Paul Kagame dans la province congolaise du Nord-Kivu, où ses armées occupent des pans entiers des territoires de Rutshuru et de Masisi.
Sans nul doute, Sama Lukonde avait en esprit la présence des unités rwandaises au sein de la force des l’Onu en Centrafrique et l’appui inconditionnel de la France au régime tchadien du général «Kaka» Idriss Déby. La France qui, et c’est un secret de polichinelle, est le puissant allié du pouvoir de Paul Kagamé au Rwanda. Un exercice pénible pour le premier ministre congolais. Et on le serait à moins, tant que son pays n’a plus pour allié, à ce jour, que son peuple, selon l’expression de la journaliste belge Colette Braeckman.
Une communauté par essence à caractère économique, la CEEAC est restée aphone depuis l’agression de la RDC par le Rwanda. Mais au cours des réunions au plus haut niveau des dirigeants des 11 Etats membres, il n’est pas exclu que la politique s’invite dans les discussions. Et la diplomatie congolaise n’est jamais parvenue, à tout prendre, à affirmer une détermination ferme tendant à emporter l’adhésion de ses voisins proches et au-delà.
Evoquer, de la part du gouvernement congolais une «hypocrisie» à peine voilée, relève d’un aveu de faiblesse aux yeux de ses partenaires. C’est aussi le lieu de s’interroger sur la nécessité d’adhérer à une multitude d’associations sous-régionales à caractère purement protocolaire. De la SADC à l’EAC, en passant par la CEEAC et la CIRGL, le peuple est en droit de s’interroger sur l’opportunité de cette multitude d’étiquettes qui, à la longue, bloquent son développement sous le faux prétexte d’une intégration aux lendemains incertains.
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