Le weekend écoulé a connu une succession d’événements scabreux, étonnants dans une société réputée profondément vouée à la foi chrétienne. Deux tiktokeuses arrêtées, l’une pour l’apologie de la prééminence des Balubas détenteurs d’un pouvoir politique exclusif, l’autre pour son refus médiatisé d’apporter un témoignage mensonger dans une secte où elle aurait été invitée à confirmer des miracles survenus dans sa vie grâce aux fortes prières de son gourou. Un journaliste notoirement connu pour ses accointances avec les services des renseignements aurait contribué à jeter l’huile sur le feu, conduisant à son interpellation dans des conditions franchement inhumaines. Elle s’appelle Mariah Ntumba.

La première, du nom de Denise Mukendi Deschausoy, est autrement plus scandaleuse. Connue sur les réseaux sociaux pour une succession de menaces à l’encontre de quiconque remettrait en question, ou oserait inquiéter le pouvoir des Balubas incarné par Félix Tshisekedi, la dame est allée jusqu’à publier des messages où elle affirme être en mesure d’actionner à sa guise les services de l’Agence nationale de renseignements (ANR).

Et pas que. Elle exigerait même que les agents s’adonnent à la sodomisation de ses victimes. Le cas de l’opposant Jackie Ndala qui est passé par les geôles de l’ANR, affirmant bruyamment avoir subi ce type de sévices, ou celui d’Isidore Kwandja, directeur des 9èmes Jeux de la Francophonie dont Dame Denise confirme que lui aussi aurait laissé sa dignité entre les mains des barbouzes sont indicateurs d’une curieuse évolution de la gestion des services d’intelligence.

Et pour la première fois à l’ANR, des interpellations par des agents au visage découvert, suivies d’interrogatoires dans les locaux réputés secrets sont publiés en temps réel sur les réseaux sociaux. En fait, la centrale des renseignements n’a fait qu’emboîter le pas à sa cousine, la DEMIAP, la justice militaire qui avait inauguré le système en convoquant une conférence de presse au cours de laquelle était présenté un collaborateur de Corneille Nangaa.

Désormais, il n’y a rien de nouveau sous le soleil des tropiques zaïro-congolaises. Sauf à décortiquer le message que chercheraient à transmettre les services des renseignements et dans quel dessein. Mais il y a un revers de la médaille : la sur-médiatisation de l’incarcération des deux tikto-keuses risque de les rendre plus célèbres et partant plus nocives après leur immanquable relaxe.

Mwin Murub Fel

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