Les méthodes du Ministre d’Etat en charge de la Justice, Constant Mutamba, ne passent pas dans les milieux des magistrats. L’on se rappelle déjà que les magistrats réunis au sein du Syndicat national des magistrats du Congo (Synamac) se sont vivement attaqués au MinEtat Mutamba. De son côté, le Ministre promet de maintenir le cap pour remplir, dit-il, la mission lui confiée par le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi. Alors que le bras de fer est apparemment ouvert avec les magistrats, le MinEtat Constant Mutamba peut compter sur l’appui des organisations de la Société civile qui se disent prêtes à l’accompagner dans cette dure bataille.

Le climat au sein du système judiciaire congolais est marqué par des tensions croissantes entre le Ministre d’Etat en charge de la Justice, Constant Mutamba, et les magistrats, représentés par le Syndicat national des magistrats du Congo (Synamac). Les méthodes du ministre sont vivement critiquées par ces derniers, qui expriment une opposition claire à ses réformes et à sa gestion des affaires judiciaires.

Les magistrats ont récemment dénoncé ce qu’ils considèrent comme des atteintes à leur indépendance et à l’intégrité du système judiciaire. Lors d’une réunion, les membres du Synamac ont exprimé leur exaspération face à un ministre qu’ils jugent trop intrusif et peu enclin à écouter leurs préoccupations. Leurs demandes de dialogue et de concertation ont souvent été ignorées, ce qui alimente un ressentiment grandissant.

De son côté, Constant Mutamba reste ferme dans sa position. Il affirme qu’il est déterminé à suivre les directives du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, et à mener à bien la mission qui lui a été confiée. Il considère que ses réformes sont nécessaires pour moderniser le système judiciaire et renforcer la confiance des citoyens envers la justice. Le ministre évoque la nécessité d’une justice plus rapide et plus efficace, comme un impératif absolu pour le développement du pays.

Sur son compte X, le Ministre d’Etat n’est pas prêt à lâcher prise : « Le Chef de l’Etat m’a instruit de sortir tous les cadavres des placards. J’exécuterai ses instructions dans un esprit de justice et d’équité, avec fermeté, sans atermoiements et sans désemparer. Seule la justice élève une Nation ».

VERSIONS CROISEES

Dans son combat de redressement de la Justice, le MinEtat peut compter sur l’appui des Organisations des droits de l’Homme qui, unanimement, lui témoignent de leur soutien.

A ce propos, sur son compte X, l’ACAJ (Association congolaise pour l’accès à la justice) de Georges Kampiamba écrit : «L’ACAJ soutient fermement les réformes courageuses entreprises par le Ministre d’Etat Constant Mutamba en vue de combattre la corruption sous toutes ses formes, en particulier au sein du secteur judiciaire. Elle appelle la population à en faire autant ».

Jean-Claude Katende, président de l’ASADHO, lui emboîte le pas : «Les magistrats devraient se regarder dans le miroir deux fois avant de s’attaquer aux actions du Ministre de la justice. Une grande partie des magistrats est très corrompue. Le peu de magistrats honnêtes et intègres sont marginalisés. Combien de magistrats ont déjà été poursuivis pour des actes de corruption connus de leur syndicat et de leurs chefs hiérarchiques? Si le comportement des magistrats était conforme à leur serment, le Ministre de la Justice n’en serait pas arrivé là. Il y a des magistrats qui ont fait de la justice leur fonds de commerce. C’est connu de tous. Le ministre de la Justice a notre soutien, mais il doit agir conformément aux lois du pays pour que ses actions durent dans le temps et atteignent les objectifs recherchés dont celui de sortir la justice du lit de malade. Il est clair que les premiers ennemis du Ministre de la Justice se trouveront dans l’appareil judiciaire lui-même.»

Toutefois, Jean-Claude Katende note que le MinEtat Mutamba ne doit aller dans cette bataille en solitaire. Selon lui, le Ministre doit s’entourer d’une équipe d’irréductibles pour l’aider dans cette lourde tâche.

D’où, son alerte : «Le ministre de la Justice fait un travail qui pourrait aider la justice à se relever. Mais la crainte que j’ai est que cela ne puisse pas durer longtemps. Il veut être partout et sur tous les problèmes. Mon conseil est qu’il réfléchisse à mettre en place une équipe de collaborateurs compétents, patriotes et intègres au niveau national et au niveau de provinces qui doit l’épauler dans ce combat pour le redressement de la justice. Les bonnes personnes existent au Congo. Seulement, il ne faut pas les chercher avec des lunettes politiques, mais avec des lunettes de patriote. Le ministre seul, il va finir par se fatiguer. C’est un être humain !»

D’autres, cependant, veulent voir le MinEtat à l’œuvre et le juger par les actes : «Cher Minetat Mutamba, veuillez nous éviter tous ses spectacles. Nous voulons les actions que cette aventure. Commencez d’abord avec les dossiers récents par après vous allez ouvrir les placards. Forage, lampadaire, carte d’identité, AN, sénat il y’a pas mal le détournement. Nous voulons de poursuites judiciaires vrai et juste.»

Certains l’invitent, en même temps, à la prudence : «En ouvrant les placards, faites attention : certains cadavres sentent mauvais et sont infectés. Prenez des précautions pour ne pas devenir vous-même un cadavre. Constant Mutamba, ouvrez les placards avec prudence».

Dans ce contexte de bras de fer, le soutien des organisations de la Société civile semble jouer un rôle crucial. Celles-ci, qui se sont prononcées en faveur des efforts de Mutamba, affirment qu’elles sont prêtes à l’accompagner dans cette dure bataille. Elles soutiennent que des réformes sont indispensables pour garantir la transparence et l’impartialité de la justice, même si cela signifie une opposition à certains acteurs du système judiciaire.

Cependant, cette situation soulève des inquiétudes quant à l’avenir de l’indépendance judiciaire en RDC. Les magistrats craignent que les réformes entreprises par le ministère ne compromettent leur autonomie et nuisent à la séparation des pouvoirs.

Alors que cette crise se développe, la vigilance des acteurs de la Société civile et la volonté des magistrats de défendre leurs droits seront déterminantes pour l’issue de ce conflit. Une résolution pacifique semble possible, mais elle nécessitera des concessions mutuelles et un engagement renouvelé à dialoguer sur les questions fondamentales de la justice en RDC. La suite des événements sera scrutée de près par les observateurs, les citoyens et les victimes de la justice en quête d’équité et de justice.

Francis N.

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