L’inspecteur général des finances, chef de service Jules Alingete avait habitué l’opinion à des sorties médiatiques tonitruantes concernant des malversations, détournements monstres et d’autres pratiques peu orthodoxes dans la gestion des finances publiques. Fort du soutien inconditionnel du chef de l’Etat au nom duquel il exerce une surveillance à certains égards envahissante, Jules Alingete s’est mis sur le dos une kyrielle de caciques du régime qui, quoique accusés, ne sont jamais poursuivis par une justice agonisante. Car il est un fait que dans leur grande majorité, les mis en cause sont sans exception d’éminents membres du parti présidentiel et par ricochet intouchables.

Les plus malchanceux ont certes fait un bref séjour de luxe dans le pavillon VIP de la prison Centrale de Makala avant d’en sortir peu après sous des vivats de partisans intéressés. Plus blancs que neige désormais, ils retrouvaient leur place au parti et dans les cercles du pouvoir, gardant leur fortune mal acquise dans des investissements dans l’immobilier en Occident ou à Dubaï. C’est la classe des nouveaux riches qui s’autorisent à rouler à contresens sur les chaussées défoncées de la capitale, dans les hurlements incessants des sirènes de leurs cortèges ostentatoires.

Au commencement fut le scandale du projet Tshilejelu. Des millions de dollars sortis du Trésor public pour la reconstruction des provinces du Grand Kasai, patrie du chef de l’Etat en personne, sont partis en fumée. L’écroulement du pont Lubi reliant Mbuji-Mayi à Kabeya Kamwanga en est la triste illustration.

Puis vint l’affaire dite des fonds COVID où Alingete réussit tout de même à envoyer pour un temps l’ancien ministre de la Santé publique Eteni Longondo à Makala; un exploit qu’il n’a pu rééditer avec celui de l’Enseignement primaire, secondaire et technique Tony Muaba ou tout récemment avec le tout-puissant ministre des Finances Nicolas Kazadi englué dans le triste dossier dit des « forages ».

Bien que n’étant pas membre de l’UDPS, mais « propriétaire » d’un parti qui se veut l’un des plus alliés de ce dernier, l’ancien gouverneur de la ville de Kinshasa Gentiny Ngobila l’a aussi échappé belle, après une commande des lampadaires à plus de 5.000 dollars la pièce. Il peut désormais siéger au sénat, protégé comme d’autres par sa confortable immunité parlementaire.

La dernière cible en date de Jules Alingete est un autre gros poisson de l’UDPS, en la personne du Directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale des agents publics de l’Etat (CNSSAP). Il l’accuse d’avoir opéré des recrutements de personnel sans appel à candidatures. Parmi les agents recrutés, des postes inexistants dans le cadre organique et de violation du même cadre organique et de l’engagement d’un haut cadre sans l’approbation du conseil d’administration… Au final, faisant passer les effectifs de 236 à 279 unités. L’IGF sollicite par conséquent du ministre de la Fonction publique (lui-même désormais député) de prendre des mesures quant à ce.

Des commentaires vont bon train dans les couloirs des administrations de l’Etat. Sans illusion, la plupart des fonctionnaires n’y voient qu’un nouvel épisode de la lutte permanente intra-UDPS dont l’issue ne fait l’ombre d’aucun doute étant facilement prévisible.

Les plus futés n’hésitant pas à faire un lien avec le fantomatique gouvernement en gestation. D’autres se gaussant même que l’IGF se soit adressé à un ancien membre du gouvernement dont le fauteuil reste encore inoccupé.

Mwin M.

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