Benny Gantz, un ministre centriste, membre du cabinet de guerre israélien, a lancé un ultimatum à Benyamin Netanyahou en lui donnant trois semaines pour présenter un plan d’après-guerre, faute de quoi il quittera le gouvernement.
Le gouvernement israélien tangue sérieusement et menace de prendre eau de toutes parts. Benny Gantz, ancien chef d’état-major, et un des quatre ministres du cabinet de guerre, a lancé samedi soir un ultimatum à Benyamin Netanyahou. Si d’ici le 8 juin, le Premier ministre n’a pas présenté et fait adopter un plan post-Hamas, il quittera le gouvernement. Le chef du gouvernement a répliqué très sèchement en affirmant qu’accepter les propositions de Benny Gantz reviendrait pour «Israël à perdre une guerre », engagée le 7 octobre à la suite de massacres commis par le Hamas dans le sud de la bande de Gaza.
Rappel important : l’épreuve de force engagée par Benny Gantz, dirigeant du parti de l’Union Nationale, qui a r allié le gouvernement au début de la guerre en compagnie de Gadi Eisenkot, un autre ex chef d’état-major, survient alors que la semaine dernière, de graves fissures étaient apparues au sein même du Likoud. Yoav Gallant, ministre de la Défense, membre de cette formation de droite dirigée par Benyamin Netanyahou, avait lui aussi défié ouvertement le chef du gouvernement en exigeant qu’il présente un plan d’après-guerre et s’engage à ne pas imposer une administration militaire dans la bande de Gaza, autrement dit une réoccu-pation permanente dans cette enclave que Tsahal avait évacuée en 2005.
Affaires civiles
Le plan proposé par Benny Gantz vise notamment à éviter un tel scénario. Il suggère la mise sur pied d’une «administration conjointe des Etats-Unis, de l’Europe, des pays arabes et de Palestiniens » pour gérer les affaires civiles (santé, éducation, infrastructures…) qui se substituerait au pouvoir sans partage que le Hamas exerçait sur la bande de Gaza. Pour Benyamin Netanyahou, cette proposition ne ferait que «maintenir le Hamas aux commandes et permettrait la création d’un Etat palestinien», dont il ne veut en aucun cas entendre parler.
Le Premier ministre a été plus loin en accusant Benny Gantz, avec lequel il est censé gérer la guerre au quotidien, «de lancer un ultimatum au gouvernement au lieu de l’adresser au Hamas alors que nos soldats combattent le Hamas à Rafah », une ville du sud de la bande de Gaza présentée comme le dernier bastion militaire des islamistes contre laquelle l’armée israélienne multiplie les attaques ces derniers jours.
Rester à la barre en cas de divorce
Sur le papier, les positions de Benyamin Netanyahou et de Benny Gantz semblent irréconciliables. Toute la question est de savoir si le Premier ministre peut rester à la barre en cas de divorce. Avec ses alliés d’extrême droite et religieux ultra-orthodoxes, il conserverait une majorité de 64 députés sur 120, même après une éventuelle défection de Benny Gantz et des 8 députés de l’Union Nationale.
Mais, dans ce cas, comme le souligne David Horowitz, commentateur du site d’informations Times of Israël, le gouvernement va virer encore plus à droite avec une influence croissante des deux partis ultra-nationalistes dirigés par Itamar Ben Gvir, le ministre de la Sécurité Nationale, en charge de la police et Betzalel Smotrich, ministre des Finances, ce qui ne ferait qu’accroître l’isolement international d’Israël.
L’opinion publique est très divisée
Pour Yaïr Lapid, le chef de l’opposition centriste, qui s’est adressé pour la première fois à des dizaines de milliers de manifestants réclamant des élections anticipées et la démission de Benyamin Netanyahou samedi soir à Tel Aviv, l’heure n’est plus aux tergiversations. Il a pressé Benni Gantz de ne plus attendre pour quitter le navire. «Assez de conférences de presse, assez d’ultimatums vides de sens, partez », a proclamé Yaïr Lapid.
Selon les sondages, si des élections avaient lieu actuellement, Benyamin Netanyahou et le Likoud iraient au-devant d’une cuisante défaite face à l’opposition centriste, tandis que les deux formations d’extrême droite resteraient à leur niveau actuel. Sur le débat autour de l’après-guerre, l’opinion publique est très divisée : 40 % des Israéliens sont opposés à une administration militaire permanente dans la bande de Gaza, tandis que le même pourcentage est favorable à une autre solution, mais qui n’est pas détaillée.
Avec Les Echos (France)