Dans l’attente de la campagne en prélude à l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs de province, la bataille fait rage dans la quasi-totalité des provinces. Si dans certaines d’elles la confrontation se déroule à fleurets mouchetés et dans une quasi-courtoisie (à Kinshasa par exemple), il n’en est pas de même dans la province de l’Equateur, au Sud-Kivu tandis que dans le Haut-Katanga, la désapprobation enfle après l’ambition de l’ancien gouverneur de se représenter, bien qu’ayant connu une relative mauvaise fortune aux législatives nationales. Les réseaux sociaux sont abondamment mis à contribution et véhiculent des messages à la limite de l’appel à l’insurrection. Les invectives atteignent parfois des hauteurs insoupçonnées, attisant des sentiments franchement séparatistes. Un simple survol prospectif fait présager l’exacerbation de replis identitaires dans des milieux où tout le monde se proclame leader des communautés locales (voire tribales).
A l’approche de l’installation desorganes délibérants exécutives dans les provinces, c’est avec effarement que les esprits bien-pensants découvrent à longueur de journée des bordées de messages qui enflamment les réseaux sociaux. Soutenus par leurs proches, eux-mêmes violemment pris à partie par leurs détracteurs, des «leaders» locaux font monter une crise partie des choix des uns et des autres à exprimer leurs ambitions sur des terres qui ne seraient pas les leurs.
JEAN-CLAUDE BAENDE CONTRE JEAN-PIERRE BEMBA
Dans ce déchainement de violence épistolaire inouïe, la charge de Jean-Claude Baende, ci-devant gouverneur de l’Equateur d’avant le démembrement, élu député national et provincial aux derniers scrutins, contre le leader du Mouvement de libération du Congo (MLC), vice-premier ministre en charge de la Défense, est sans pareille. Ce dernier aurait commis le péché de manifester son intérêt pour le gouvernorat de l’Equateur et aurait saisi l’occasion de l’ «insulter».
La missive, dans laquelle il s’adresse à JPB en le tutoyant (…Je t’écris de Mbandaka…), et particulièrement virulente, sonne comme une authentique déclaration de guerre dans la mesure où il prévient qu’ils ont tous deux «du sang équatorien». Ce qui, traduit dans le langage commun, signifie en fait : «nous sommes tous deux de la race des guerriers».
La charge de Baende atteint des sommets quand il invite JPB à retourner s’occuper de «sa province du Sud-Ubangi» et à ne plus se mêler des affaires de l’Equateur qui a «ses propres leaders».
SUD-KIVU : KAMERHE CONTRE KAMERHE
Au Sud-Kivu aussi où il est en train de se mettre en place les éléments d’une confrontation inédite et franchement fratricide, en ce qu’elle oppose deux «Kamerhe». Entre Vital et son «jeune frère» Didier, rien ne va plus. Le premier est vice-premier ministre, ministre de l’Economie sortant et leader de l’Union pour la Nation congolaise (UNC). Il vient de remporter un siège à l’Assemblée nationale.
Le second, Didier, est haut cadre de l’UNC et Secrétaire politique national chargé de l’aménagement et développement des villes. Le parti de «son frère» lui reproche le fait d’avoir, dès le 28 février, désespérément déposé sa candidature au poste de gouverneur du Sud-Kivu, alors qu’il avait, après concertation avait déjà régulièrement jeté son dévolu sur la personne d’Emile Sumaili.
Le communiqué officiel de l’UNC l’accuse à ce sujet d’avoir été «instrumentalisé par des politiciens véreux bien identifiés». Comme toujours en pareil cas (un classique), le parti va se pourvoir auprès des instances habilitées pour invalider la candidature rebelle à moins que l’UNC ne se résolve à porter l’affaire en justice.
La «rébellion» de Didier Kamerhe n’est que l’illustration des frustrations observées au sein des partis politiques congolais où la démocratie n’existe pas en interne. Où seule volonté du Président-Fondateur reste prépondérante.
M.M.F.