20%, parfois plus : en RDC, les banques siphonnent les comptes de leurs clients avec une audace qui frôle l’indécence. Derrière ces frais bancaires exorbitants – factures sans justification, prélèvements abusifs, « frais d’anniversaire » fantômes – se cacherait une véritable prédation institutionnalisée, tolérée par une Banque centrale du Congo (BCC) étrangement passive. Un silence complice qui transforme le système financier en machine à racket, écrasant les épargnants congolais sous le poids de charges injustifiées. La question n’est plus de savoir si c’est un scandale, mais plutôt : qui osera y mettre fin ?
Le système bancaire congolais est sous le feu des critiques. Alors que les frais imposés aux clients atteignent des niveaux jugés «indécents» – parfois plus de 20% par transaction –, l’indifférence des régulateurs et de la Banque centrale du Congo (BCC) suscite une vive indignation. Sur les réseaux sociaux, les témoignages se multiplient, dénonçant des pratiques qualifiées de «racket organisé », avec la complicité passive des institutions.
Sur son compte X (anciennement Twitter), l’activiste Litsani Choukran a tiré la sonnette d’alarme, pointant du doigt Equity BCDC, mais soulignant que le phénomène est généralisé. « Les frais bancaires en RDC ont atteint des proportions proprement indécentes, avec la bénédiction silencieuse, ou la complicité active, de la Banque centrale », écrit-il.
Parmi les abus cités : des prélèvements systématiques sur chaque transaction (virements, retraits, etc.); des frais de carte exorbitants; des «frais d’anniversaire » ou autres charges obscures, ajoutés sans justification.
«Ce n’est plus de la gestion bancaire, c’est de la prédation. Les clients ne sont pas servis, ils sont rançonnés», dénonce Choukran.
La BCC dans le collimateur
Le véritable scandale, selon les observateurs, réside dans l’inaction des autorités financières. Malgré les plaintes répétées, la BCC n’a pris aucune mesure concrète pour encadrer ces pratiques ou protéger les consommateurs.
«L’État détourne le regard. La Banque centrale reste muette. Est-ce de la complicité ou de l’incompétence ? Le résultat est le même : les banques s’enrichissent sur le dos des Congolais, en toute impunité », s’insurge un analyste économique sous couvert d’anonymat.
Sur la toile, un autre analyste renchérit : «L’absence de la protection des consommateurs renforce le comportement oligopolistique des banques commerciales en RDC. C’est ahurissant de se voir chargé des frais exorbitants de retrait au guichet ou au distributeur de sa propre banque, sans parler des frais de retrait d’extraits bancaires que j’ai dernièrement vu sur une vidéo. Sans faire des prêts à l’économie, les banques commerciales en RDC peuvent couvrir tous leurs frais et faire des bénéfices grâce aux frais de tenue de compte, des prêts intra institutionnels des dollars récoltés au Congo et autres frais qu’elles chargent ».
Un autre enfonce le clou: «Les banques commerciales congolaises sont très malhonnêtes. Déjà, elles ne souffrent pas de problèmes de risque de change car l’économie congolaise est fortement dollarisée. Leurs taux créditeurs très faibles. Leurs taux débiteurs très élevés. Elles gagnent également beaucoup d’argent avec la bancarisation de la paie des fonctionnaires et des employés d’autres secteurs de l’économie. Rien que les frais de tenues des comptes paient leur masse salariale. Il est grand temps que la BCC puisse réguler avec efficacité la profession bancaire en RDC. Elles sont aussi accusées de créer, frauduleusement, de la monnaie scripturale au-delà des normes reconnues par l’Autorité monétaire».
Face à ce qu’ils qualifient de «vol légalisé », certains clients et activistes envisagent désormais des recours collectifs, voire des actions en justice à l’international. «Pourquoi ne pas exiger des audits indépendants ? Des sanctions contre les banques fautives ? À ce stade, il ne s’agit plus de simples abus, mais d’un système organisé d’exploitation », interpelle Litsani Choukran.
Un frein au développement économique
Au-delà de l’injustice subie par les épargnants, ces pratiques sapent la confiance dans le système financier et découragent l’inclusion bancaire. « Comment encourager les Congolais à utiliser les banques si chaque transaction les appauvrit ? », s’interroge une entrepreneuse kinoise.
Alors que la grogne monte, la pression s’intensifie sur le gouvernement et la BCC pour qu’ils interviennent enfin. En l’absence de régulation ferme, le risque est grand de voir la défiance envers les institutions bancaires – déjà forte – se transformer en crise ouverte.
Pour l’instant, l’Union congolaise des banques (UCB) n’a pas encore répondu à ces accusations qui touchent ses membres. La Banque centrale du Congo, de son côté, n’a fait aucune déclaration publique sur le sujet depuis des mois.
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