Du 18 au 19 février 2023 s’est tenu à Addis-Abeba le 36ème sommet de l’Union africaine au terme de duquel la République Démocratique du Congo a engrangé des résultats diplomatiques très encourageants. Le Vice-Premier ministre, ministre des Affaires Etrangères, Christophe Lutundula Apala Pen’Apala, et le ministre de la Communication et Médias, porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe, étaient devant la presse, dans le cadre de l’exercice de redevabilité, pour en faire part à la population congolaise. La question du retrait des rebelles du M23 étant au cœur des échanges. Le président angolais, João Lorenzo, et le président honoraire du Kenya, Uhuru Kenyatta, ont été chargés de notifier le commandement du M23 du nouveau chronogramme de la feuille de route de Luanda.
Le processus de paix dans l’Est de la République Démocratique du Congo a été au cœur d’un mini-sommet des chefs d’État qui s’est tenu le vendredi 17 février 2023 à Addis-Abeba, en Ethiopie, en marge d’un sommet de l’Union africaine (UA) qui débutait le jour suivant (le 18 février). Pendant quatre heures, les chefs d’Etat présents à cette rencontre ont discuté du nouveau chronogramme pour l’application de la feuille de route de Luanda. Le retrait du M23 des territoires congolais était au cœur des échanges.
Etaient présents à ce mini-sommet, les pays de la Communauté est-africaine (EAC), ainsi que l’Angola, médiateur de l’UA pour la RDC. Outre les présidents rwandais, Paul Kagame, et congolais, Félix Tshisekedi, il y avait autour de la table les présidents angolais et burundais ainsi que la présidente tanzanienne. L’Ouganda et le Soudan du Sud étaient tous deux représentés par leurs ministres des Affaires étrangères.
L’objectif de ce mini-sommet était de relancer les processus de Luanda et de Nairobi, qui souffre d’application.
Les acquis majeurs de ces assises sont, premièrement, la reconnaissance à l’unanimité que la feuille de route du mini-sommet de Luanda du 23 novembre 2022 n’a pas été respectée par le M23. Aussi, une large majorité des participants étaient d’accord que la non-application de la cette feuille de route de Luanda est due au soutien du Rwanda.
Deuxièmement, les chefs d’Etat ont examiné le nouveau plan de désengagement et de la fin des hostilités élaborés par les chefs d’état-major des armées des pays membres de la Communauté de l’Afrique de l’Est et le commandant de la force régionale. Le nouveau plan connaît une révision au niveau des dates. «Il s’agit tout simplement d’un échéancier qui donne le chronogramme du retrait de M23. On est pas revenu sur le fond », a précisé le VPM Christophe Lutundula.
Sur la base du nouveau plan de retrait actualisé, lors du mini-sommet de Bujumbura, par les chefs d’état-major des armées des pays de la EAC, les chefs d’Etat et de gouvernement ont décidé que le retrait du M23 du sol congolais soit échelonné, en trois phases, sur une période de 30 jours, à dater du mardi 28 février 2023.
Dans la première phase qui débute le mardi 28 février, «le M23 devrait se retirer de Kibumba, Karega, Kiruabiwe et Kitsanga», a indiqué le Vice-premier ministre Lutunduka.
«La deuxième phase, qui va du 13 au 20 mars, le M23 devrait se retirer de Rumangabo, Kishishe, Bambo, Karasaroko, Tongo et Mabengka. Dans la troisième et dernière phase, qui va du 23 au 30 mars, le M23 devrait se retirer de Rutsuru, Kiwanza et de Bunagana».
Devant le président rwandais, Paul Kagame, «la réunion a décidé que le président angolais, João Lourenço, en collaboration avec le président honoraire du Kenya, Huhuru Kenyatta, devait prendre toutes les dispositions pour notifier des décisions en espèce, du plan de paix officiellement à M23 avec sommation d’agir au cas où ce dernier ne s’exécute pas, l’on devrait passer à la phase la plus musclée», a fait savoir le VPM Lutundula.
Après exécution effective de ce plan de paix suivra l’étape de cantonnement, désarmement et intégration du M23 dans le processus du PDDRCS (programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation), a précisé le ministre Lutundula.
Les chefs d’Etat et de gouvernement ont mandaté la République d’Angola, en collaboration avec l’ancien président kenyan, Uhuru Kenyatta, facilitateur désigné par la Communauté de l’Afrique de l’Est, de contacter le commandement du M23 afin de transmettre les décisions du sommet d’Addis-Abeba.
S’exprimant sur le 36ème sommet de l’UA, le VPM Lutundula a noté que «pour la première fois, un débat houleux a caractérisé cette rencontre des chefs d’État».
A l’en croire, cet sommet était unique en son genre du fait qu’il a été marqué par une série de grandes réunions de haut niveau qui ont réuni autour de la table des chefs d’Etat de différents pays africains. Le sommet de l’UA a planché autour de l’insécurité dans l’Est de la République Démocratique du Congo.
Il a été aussi décidé, par la suite, «la mise en place, dans le plus bref délai, d’un cadre de coordination, de mécanisme de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre du cessez-le-feu et du désengagement (retrait du M23) sous les auspices du président Évariste Ndayishimiye, du Burundi, et président en exercice de la Communauté d’Afrique de l’Est», a fait savoir le VPM Lutundula, ajoutant que «ceci pour éviter que les décisions qui sont prises ne restent plus lettre morte comme avant».
Tighana MASIALA