Au pouvoir depuis l’alternance de janvier 2019, le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo (Fatshi), a ramené à la surface la troublante question de révision ou changement – c’est selon – de la Constitution du 18 février 2006. Comme prémonition, dans son combat héroïque, le sphinx de Limete, Etienne Tshisekedi wa Mulumba, père du Chef de l’Etat, aujourd’hui décédé, avait déjà prédit ce que son fils est sur le point de concrétiser : «Une fois l’UDPS au pouvoir, nous changerons la Constitution» de 2006.
Depuis son accession au pouvoir en janvier 2019, le Président de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a ravivé un débat qui suscite des passions et des inquiétudes : la révision ou le changement de la Constitution du 18 février 2006. Cette question, longtemps considérée comme un tabou, est désormais au cœur des préoccupations politiques du pays.
L’héritage politique de Félix Tshisekedi est indissociable de celui de son père, Étienne Tshisekedi wa Mulumba, figure emblématique de l’opposition congolaise. Ce dernier avait, dans ses discours, évoqué la nécessité d’une réforme constitutionnelle, affirmant que «une fois l’UDPS au pouvoir, nous changerons la Constitution».
Ces mots résonnent aujourd’hui comme une prophétie, alors que le fils semble prêt à concrétiser cette vision.
La Constitution de 2006, qui a été adoptée dans un contexte de transition démocratique, a été saluée pour ses avancées en matière de droits humains et de gouvernance. Cependant, elle est également critiquée pour ses limitations, notamment en ce qui concerne le mandat présidentiel et les prérogatives du chef de l’État. Les partisans d’une révision soutiennent qu’elle est nécessaire pour adapter le texte aux réalités politiques et sociales actuelles du pays.
D’un autre côté, les opposants à cette initiative mettent en garde contre les dérives autoritaires et les risques de déstabilisation que pourrait engendrer un changement constitutionnel. Ils rappellent que l’histoire politique de la RDC est marquée par des tentatives de manipulation des textes fondamentaux pour renforcer le pouvoir en place.
Félix Tshisekedi se trouve donc à un carrefour délicat. D’un côté, il doit répondre aux attentes de ses partisans qui voient dans la révision constitutionnelle une opportunité de renforcer la démocratie et la gouvernance. De l’autre, il doit naviguer dans un paysage politique volatile, où chaque décision pourrait avoir des conséquences profondes sur la stabilité du pays.
AUGUSTIN KABUYA A LA MANŒUVRE
Dans un climat politique déjà tendu, le secrétaire général de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), Augustin Kabuya, a annoncé le lancement imminent d’une campagne de sensibilisation à l’échelle nationale pour promouvoir le projet de changement de la Constitution. Cette initiative vise à mobiliser les citoyens autour de la nécessité d’une révision constitutionnelle, un sujet qui divise profondément l’opinion publique en République Démocratique du Congo.
Kabuya, connu pour son tempérament ardent et sa détermination, a déclaré que cette campagne serait essentielle pour porter haut les aspirations de l’UDPS et de ses partisans. Selon lui, la révision de la Constitution est non seulement une question politique, mais aussi une nécessité pour répondre aux défis actuels du pays. Il a souligné l’importance de fédérer toutes les forces vives de l’Union sacrée de la nation, un regroupement politique qui soutient le président Félix Tshisekedi.
Cependant, dans la majorité au pouvoir, le silence règne. Peu de voix osent s’exprimer publiquement sur la question de la révision constitutionnelle, laissant le champ libre à l’UDPS. Ce silence pourrait être interprété comme une prudence face à un sujet aussi sensible, où les opinions divergent et où les craintes de dérives autoritaires sont omniprésentes.
La campagne de Kabuya pourrait donc jouer un rôle crucial dans la dynamique politique actuelle. En mobilisant les citoyens et en suscitant un débat public, l’UDPS espère créer un élan en faveur de la révision constitutionnelle. Toutefois, cette initiative pourrait également exacerber les tensions entre les différentes factions politiques, notamment si d’autres partis de la majorité décident de prendre position sur ce sujet.
Alors que le débat s’intensifie, il est clair que la question de la révision de la Constitution ne concerne pas seulement le présent, mais aussi l’avenir politique de la République Démocratique du Congo. Les choix que fera Félix Tshisekedi dans les mois à venir pourraient bien définir l’héritage de son mandat et l’orientation politique du pays pour les années à venir.
Hugo Tamusa